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Thaïlande : débat autour de la pratique de la boxe chez les enfants
Après la mort d’un jeune boxeur il y a quelque jours, le débat est relancé sur la pratique de la boxe pour les enfants de moins de douze ans en Thaïlande.
Sortir de la pauvreté parfois au péril de sa vie. Le 10 novembre, un enfant de treize ans est mort des suites de blessures lors d’un combat de boxe. En Thaïlande, cette pratique est très courante chez les jeunes qui rêvent tous de gloire et de fortune. D’après l’Autorité des sports du pays, plus de 10 000 boxeurs de moins de quinze ans seraient enregistrés officiellement. Un nombre important auquel il faut également ajouter ceux qui pratiquent la discipline sans licence. Véritable tradition locale, le Muay Thaï est un art martial qui existe depuis plus de 100 ans et qui autorise coups de poing, de pieds, de coudes et de genoux. Un sport très peu réglementé qui a récemment été jugé dangereux pour les enfants par les professionnels de santé, conscient des risques de lésions cérébrales inévitables. Selon une étude menée par Adisak Plitponkarnpim, directeur du Centre de recherche sur la promotion de la sécurité des enfants et la prévention des blessures (CSIP), les enfants boxeurs « souffrent davantage de lésions cérébrales causées par la disparition de cellules ou des troubles neurotiques », mais aussi « des quotients intellectuels diminués ». Du fait de leur croissance inachevée, leur crâne ainsi que leurs muscles seraient plus sujets à des blessures, blessures qui peuvent parfois les mener à la mort.
Des tentatives de régulation
Selon les professionnels du domaine, le problème de cette pratique thaïlandaise viendrait du manque de protection durant le combat. La plupart du temps, les enfants ne portent pas de casque, ce qui était le cas lors de la mort d’Anucha Tasako il y a quelques jours. Selon un porte-parole du ministère des sports de Thaïlande, les pratiquants doivent porter « un équipement de protection approprié fourni par le responsable de la salle. » Une affirmation qui a bien du mal à être respectée et dont on ne prévoit aucune sanction en cas de manquement.
Récemment, un projet de loi a été énoncé afin de légiférer sur cette pratique qui ne cesse d’animer le débat. Il vise à interdire la pratique de la boxe aux enfants de moins de douze ans. Un projet de loi qui ne fait pas l’unanimité surtout chez les pratiquants qui voient souvent les rings comme un moyen d’échapper à la misère. « Cela donne aux enfants une raison d’être, leur enseigne la discipline » et « les protège dans des endroits où la toxicomanie et la violence des gangs sont monnaie courante », explique un propriétaire de gymnase, sous couvert d’anonymat. Pour d’autres opposants, le haut-niveau ne peut être atteint qu’à condition de commencer les entrainements très jeune. « 99% des boxeurs thaïlandais les plus célèbres, qui ont remporté des médailles aux Jeux olympiques, ont commencé à se battre quand ils étaient jeunes » explique Tawee Umpornmaha, médaillé d’argent aux JO de Los Angeles de 1984, qui a commencé à combattre à douze ans. Malgré la mort de son protégé, l’entraineur d’Anucha Tasako, Somsak Deerujijaroen, renchérit « si les lois interdisent totalement la boxe aux enfants, la Thaïlande n’aura plus de maîtres. Ce sera la fin ».
Pour le moment les débats sont encore en cours sur la question mais tous s’accorden à dire que la protection des jeunes sur le ring doit être améliorée afin que chacun puisse exercer son sport en toute sécurité.
Marjolaine Baud-Laignier