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Haïti : Un état d’urgence
Après avoir fait l’objet d’une attention particulière suite au séisme de 2010, l’intérêt pour Haïti a très vite disparu. Pourtant, durant ces 8 ans d’oubli, les catastrophes et la pauvreté ont continué à ravager le pays empêchant une reconstruction véritable.

Une petite fille se balade au milieu de la capitale Port-au-Prince (Crédit : Hector Retamal/AFP)
Le 12 janvier 2010, peu avant 17 heures, Haïti est frappé par un violent séisme. Plus de 220 000 personnes y perdent la vie et 1,5 millions d’Haïtiens se retrouvent sans abris. Le tremblement de terre de magnitude 7, attire alors les regards et les objectifs du monde entier. Mais 8 ans après où en est la reconstruction ? Aujourd’hui, ayant presque disparu du paysage médiatique, le petit pays des caraïbes est dans une situation plus qu’inquiétante.
Une situation géographique vulnérable
Au large du continent américain, Haïti partage l’île d’Hispaniola avec la République Dominicaine. Une position géographique, régulièrement sujette aux catastrophes naturelles. Celle qui vient en tête immédiatement est le fameux séisme de 2010. Pourtant, ce drame est loin d’être le seul à avoir frappé le pays. Frédéric Thomas, docteur en science politique et chargé d’étude au Centre Tricontinental, délivre une série d’articles d’étude sur le petit pays de l’atlantique. Des recherches qui dévoilent une situation dramatique que le reste du monde ignore, par manque d’intérêt, mais surtout de connaissances. L’indice mondial des risques climatiques (IRC) 2017, place Haïti à la 21èmeplace des pays les plus à risque au monde. Plus inquiétant encore, entre 1996 et 2015, Haïti est le 3èmepays le plus fortement touché par des événements météorologiques avec une vingtaine de catastrophes en moins de 20 ans. Cette incessante violence de la nature rend la reconstruction impossible. En 2010, des milliards de dollars sont collectés pour réédifier le pays. Une dépense vaine puisque en 2016, l’Ouragan Matthew laisse derrière lui un paysage semblable à celui observé 6 ans plus tôt. Un cercle infernal qui empêche le pays de se relever et la communauté internationale de s’engager sérieusement dans la reconstruction.
Un pays ravagé par la pauvreté
La vulnérabilité d’Haïti aux catastrophes naturelles est un véritable frein à son développement. Avec un indice de développement humain d’à peine 0,5, Haïti fait partie des pays les moins avancés du monde, classé 168èmesur 189 en 2018. À ce faible développement humain s’additionne une croissance économique presque inexistante. L’endettement du pays a triplé en 10 ans, empêchant aujourd’hui tout investissement. Une situation dont la population est la première victime. Aujourd’hui, 80% des Haïtiens vivent sous le seuil de pauvreté. 40% des habitants souffrent d’insécurité alimentaire, 1 enfant sur 5 n’a pas accès à l’eau potable et 1 enfant sur 2 ne va pas à l’école. Une fragilité qui mène à une situation sanitaire désastreuse. En effet, Haïti est le pays des caraïbes le plus touché par le sida, 9% des enfants haïtiens sont orphelins à cause de cette maladie. Et ces quelques chiffres sont loin de dévoiler l’état déplorable d’un pays ravagé. Haïti a besoin d’aide, un besoin urgent et incessant que la communauté internationale peine aujourd’hui à entendre.
Lou Florentin