[FIPADOC] Romy Schneider : Une nuit de confessions

Présenté au FIPADOC 2019 dans la catégorie Panorama, Conversation avec Romy Schneider, le documentaire de Patrick Jeudy est sorti en 2018. Il offre une toute autre vision sur l’actrice allemande qui a marqué le monde du cinéma, en dévoilant les failles de l’icône.

XVMf5faa8d6-ad1b-11e8-a8b5-4e86ff8f6c18

Romy Schneider et Alice Schwarzer en pleine conversation cette nuit-là. Crédit photo : LeFigaro

 

Romy Schneider c’est tout d’abord un visage à la fois angélique et exotique, c’est l’incarnation du glamour et de la femme fatale, mais c’est aussi une impératrice : Sissi. Un rôle qui lui vaudra la célébrité mais aussi une certaine étiquette. A l’écran comme dans la vie, elle est accompagnée de sa mère Magda Schneider, qui joue le rôle de la mère de Sissi. Une mère qui semble aimante aux yeux du public mais qui cache un lourd passé, qu’elle tente de faire oublier à travers sa fille. Magda était une proche d’Hitler et une fervente supportrice du régime nazi, Patrick Jeudy nous la montre riant aux éclats dans des images d’archives tournées par Eva Braun, aux côtés du Führer. Conversation avec Romy Schneider est loin d’être un biopic au schéma classique, bien au contraire, ce film est un pari risqué. C’est la chaîne Arte qui demande au réalisateur un format différent sur l’actrice. Après de nombreuses hésitations, Patrick Jeudy retrouve par le fruit du hasard la personne clé de son oeuvre : Alice Schwarzer, une célèbre journaliste féministe allemande qui a le temps d’une nuit de décembre 1976 à Cologne, partagée les secrets de la star.

Une cassette audio, trésor du passé

40 après, Alice Schwarzer retrouve l’enregistrement de cette nuit de confidences entre femmes, où Romy décide de se dévoiler ; « moi qui refuse toute interview, ce soir Alice je veux tout te dire », affirme-t-elle. Et c’est ce qu’elle a fait, la bande nous révèle ses secrets, ses états d’âme. Tour à tour, on y découvre une Romy amoureuse, déçue, pleine de reconnaissance mais aussi de mélancolie, qui s’autorise à sortir de sa carapace le temps d’une soirée tardive. Mais comme le dit Patrick Jeudy : « ce film est avant tout un film sur le rien ». Une phrase qui paraît étrange mais qui prend tout son sens au visionnage. A de nombreuses reprises Romy demande à couper l’enregistrement, elle ne veut dire certains mots qu’à Alice. La honte qu’elle ressent envers le passé nazi de sa famille, son beau-père qui tente plusieurs fois d’abuser d’elle…Des révélations chocs qui nous sont transmises par des images d’archives mais surtout par Alice elle-même, dont la mémoire est intacte.

Un pari réussi

Même si il avoue avoir eu peur de faire reposer son oeuvre sur une simple cassette audio des années 70, Patrick Jeudy peut se féliciter d’avoir réussi ce pari avec brio. Le public du FIPADOC ressort de la salle, bouleversé, tous affirment avoir appris des choses sur celle qu’il connaisse déjà très bien. Au-delà du contenu, le documentaire est également fort de son esthétique équilibrée entre images d’archives, entretiens avec la journaliste et bande de cassette qui défile. Le réalisateur réussit à tenir en haleine les spectateurs pendant toute la durée du film, un exploit difficile face aux nombre de documentaires pré-existants sur Romy Schneider.

Ana Michelot