février 07

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[Le Phœnix] Les aquariums se mobilisent contre la pollution marine

Au musée océanographique de Monaco, l’artiste Philippe Pasqua a mis en scène des objets récupérés en une seule plongée. (Photo : Profanation – © Musée océanographique – Michel Dagnino)

Alors que la pollution marine est de plus en plus visible et importante, notamment avec la publication d’articles scientifiques ou la médiatisation de l’apparition d’un « 7ème continent » fait de plastique, plus d’une centaine d’aquariums situés dans 33 pays se mobilisent pour sensibiliser les spectateurs à la dégradation des océans.

La pollution marine prend de nombreuses formes : elle peut provenir du rejet de matières polluantes dans les rivières ou les océans, par les déchets laissés par les touristes sur les plages (sacs plastiques, pailles, etc.) que les poissons et autres animaux marins peuvent par la suite ingérer, etc.

Le constat est alarmant. D’après la présidente de l’Assemblée générale de l’ONU Maria Fernanda Espinosa, les mers contiendront plus de plastique que de poissons d’ici 2050, et que selon des chercheurs australiens et britannique, 99 % des oiseaux marins auront ingérés du plastique. Cette pollution provient essentiellement de l’activité humaine (environ 80 %). Et cela a de nombreuses conséquences. On constate la multiplication de « zones mortes », des espaces à faible teneur en oxygène, où la majeure partie de la vie marine ne peut pas survivre. On en dénombre environ 500, et leur surface totale couvre environ la surface du Royaume-Uni. Il y a également une prolifération d’algues potentiellement nocives aux poissons. Des ordures peuvent s’accumuler en grandes plaques flottantes ou s’échouer sur les côtes. Phénomène plus rare mais dévastateur, le déversement massif de pétrole en eaux profondes (dans le golfe du Mexique en 2010 par exemple) a provoqué la dégradation de l’écosystème marin et la mort d’oiseaux, de poissons, d’algues et de coquillages.

L’art pour sensibiliser à la pollution des océans

La Commission Européenne a lancé le 27 juillet 2017 la campagne « Les aquariums du monde contre les déchets marins ». Le but était « d’utiliser le réseau des aquariums européens et mondiaux pour sensibiliser les populations », selon Robert Calcagno, le directeur du musée océanographique de Monaco, où la campagne a été inaugurée. Aujourd’hui, ce sont plus d’une centaine d’aquariums dans le monde qui sont associés à cette campagne. À la principauté, on a fait appel à l’artiste Philippe Pasqua. « Ce qui est exposé dans ce bassin provient des entrailles de l’océan. Une seule plongée a été nécessaire pour récolter ces détritus. Sensibilisé à la problématique de la pollution marine, l’artiste Philippe Pasqua les a détournés pour réaliser une œuvre témoignant de l’impact de l’homme sur le monde naturel », explique le directeur du Musée. L’œuvre est exposée au sous-sol de l’aquarium, entre d’autres bassins remplis d’êtres bien vivants, laissant penser que les spectateurs font face aux nouveaux habitants des mers. « Les aquariums sont une page ouverte sur l’océan. Cette campagne contre les déchets marins est urgente et bienvenue. Les aquariums du monde ont décidé de diffuser des informations brûlantes sur les océans pour éviter d’avoir à en rédiger la chronique nécrologique », conclut Karmenu Vella, commissaire européen chargé de l’Environnement, des Affaires maritimes et de la pêche. Au-delà de ces œuvres, les aquariums participant à cette campagne sont invités à modifier leurs politiques d’achats, par exemple pour les lieux de restauration et des boutiques, afin d’éliminer tout usage unique du plastique. Les aquariums et la Commission Européenne espèrent que les spectateurs prendront conscience de l’urgence du problème.

Hugo Deniziot