On vous explique l’affaire de la Ligue du LOL

Samedi dernier, le magazine Libération a révélé l’existence d’un groupe Facebook privé nommé « la Ligue du LOL », actif entre 2009 et 2012. Ses membres sont aujourd’hui accusés de cyberharcèlement.

Les faits 

Mise en lumière par un article de la rubrique Checknews de Libération le 8 février dernier, la Ligue du LOL a été créée en 2009 par Vincent Glad. Ce groupe facebook privé composé d’une trentaine de personnes principalement  des hommes issus de grandes rédactions parisiennes, du milieu de la publicité ou de la communication, était surtout actif jusqu’en 2012. Il est accusé de harcèlement organisé sur des femmes ou des hommes pour leurs prises de position féministes, des personnes racisées ou encore homosexuelles.  

L’affaire a démarré sur les réseaux sociaux suite à des tweets qui sous-entendaient l’existence d’un groupe facebook qui auraient potentiellement harcelé des internautes.

En réaction à ce tweet, une internaute s’est exprimée à ce sujet :  « Si vous soutenez ne serait-ce qu’un minimum la bande de harceleurs et autres potes d’agresseurs qui se sont hissés en position de pouvoir –notamment sur cette plateforme – en marchant publiquement sur des meufs et minorités pendant des années, barrez-vous de mes follows» avant d’ajouter « ça fait référence à la Ligue du LOL qui ont harcelé des meufs pendant des années et ont continué leurs carrières pépères sans jamais s’excuser ni avoir à rendre des comptes.» Suite à cette révélation, plusieurs femmes ont élevé leurs voix afin de dénoncer les agissements de ce qui s’appelle la #LigueDuLOL. 

Des voix s’élèvent 

Les premières victimes se font entendre. Des hommes, des femmes, harcelés durant des mois à coup de photo-montage dégradant, de propos sexistes, grossophobes ou racistes. Parmi les victimes, la journaliste Florence Porcel, le blogueur Matthias Jambon-Puillet ou encore l’ancienne journaliste Capucine Piot qui s’est exprimée dans un thread révélateur. 

Le blogueur Christophe Ramel, mieux connu sous le pseudo Kriissiis, apporte également son témoignage. Il raconte avoir craqué sous la pression et abandonné son travail. Il donne les noms de ceux qu’ils dénoncent comme ses « bourreaux »


Le temps des excuses 

Alors que les premières réactions se sont fait entendre sur Twitter, les principaux visés ont rapidement rendu publiques leurs explications. Vincent Glad, journaliste à Libération assure se « rendre responsable » de ses agissements et en avoir «honte».  

David Doucet, rédacteur en chef du web des inrocks s’est également exprimés sur ses actions antérieures. 

Les suites de l’affaire 

Suite à cette polémique, plusieurs rédactions ont d’ores et déjà pris la décision de mettre à pieds les journalistes accusés. Ce lundi, Libération annonçait la mise à pied « à titre conservatoire » du journaliste Alexandre Hervaud et du pigiste Vincent Glad. Le site Brain Magazine a également annoncé l’arrêt de sa collaboration avec le créateur du groupe. Du côté de Inrocks, le rédacteur en chef David Doucet et son adjoint, François-Luc Doyez ont également été mis de côté à titre conservatoire. Le studio Nouvelles Ecoutes à quant à lui cessé sa collaboration avec Guilhem Malissen, ancien membre de la Ligue du LOL. 

De son côté, Stephen des Aulnois, a annoncé son retrait de son poste de du magazine en ligne de la culture pornographique Le Tag Parfait et a mis en pause ses activités sur le site pornographique LeBonFap. 

Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité hommes-femmes a apporté son soutien aux victimes de la Ligue du LOL. Au travers d’un tweet, elle a assuré sa « solidarité aux blogueuses et journalistes qui ont eu à subir le harcèlement sexiste ». Interpellée par Florence Porcel, victime de la Ligue, elle a également proposé d’étudier l’allongement des délais de prescription dans les situations de cyberharcèlement. 

L’association SOS Racisme a quant à elle décidé d’aller plus loin. Ce lundi, elle a demandé au Parquet de Paris d’ouvrir une enquête sur la Ligue du LOL. Dans un communiqué officiel, elle explique que « les faits sont d’une particulière gravité pour plusieurs raisons. D’abord, sur le fond, puisqu’il s’agit de harcèlements à caractère sexiste, homophobe ou raciste. Ensuite, en raison du caractère public des attaques qui, pour beaucoup d’entre elles avaient pour fonction et pour intérêt d’être précisément rendues publiques ». 

Des prises de position différentes 

Sous couvert d’anonymat, un internaute a alerté sur les prises de position des médias sur cette affaire. Il explique comment, ce groupe de personnes s’est retrouvé aujourd’hui pointé du doigt par les journaux qui les citaient il y a quelques années. Une remise en question sur l’évolution des mentalités entre 2010 et maintenant. 

Désormais les regards se tournent vers les lieux de formation des journalistes. Plusieurs anciens étudiants ont brisé l’omerta en racontant ce qu’ils avaient pu observer.

Propos sexistes, racistes, homophobes ou encore antisémites, les internautes relatent des actions qui pourraient s’apparenter à celles de la Ligue du LOL. 

Marjolaine Baud-Laignier