Comment la jeunesse iranienne contourne la censure sur Internet

En Iran, la République Islamique censure l’accès aux applications et aux sites étrangers. Les réseaux sociaux, les messageries et des sites comme Google ou Youtube sont impossibles d’accès. Pourtant, de nombreux jeunes utilisateurs parviennent à contourner la censure grâce à des moyens technologiques. Dorsa.M, étudiante en terminale a accepté de témoigner. 

« Ici en Iran, beaucoup d’applications sont inaccessibles depuis le réseau ordinaire, c’est l’exemple de Facebook, Twitter, Snapchat ou Youtube. Des sites comme comme enews ou Just Jared sont également interdits car ils s’opposent aux idées du régime. Les seules applications qui ne sont pas filtrés aujourd’hui sont WhatsApp et Instagram.

La rumeur dit que si on utilise ces applications, l’État peut nous espionner, bien que je n’en sois pas sure à 100%. Ils essayent donc de nous persuader d’utiliser des applications développées par le gouvernement pour communiquer mais nous ne le faisons pas ».

La régime juge qu’ils répandent une idéologie occidentale

« Les autorités estiment que ces applications et sites internets servent de relais à la contestation et pourraient corrompre nos esprits. Selon eux, ces applications sont gérées par les Occidentaux qui nous poussent à nous révolter contre nos dirigeants. La plupart du temps, les sites sont censurés car ils propagent une mauvaise vision de l’Islam ».

Pour accéder aux sites censurés, les Iraniens utilisent régulièrement des logiciels de contournement ou des VPN

« Nous les jeunes, nous avons presque tous accès à Internet donc techniquement, nous utilisons des VPN (Virtual private network). Parfois ils sont gratuits mais d’autre fois, il faut payer pour devenir membre. Dans tous les cas, ils nous permettent de rester anonyme et personne ne peut avoir accès à nos données. 

Grâce aux VPN, nous pouvons aller sur les réseaux sociaux qui sont bloqués ici. Le plus souvent nous téléchargeons les VPN sur nos téléphones portables, car nous les utilisons plus que nos ordinateurs. Personnellement, je n’ai pas peur de me rendre sur Internet ou de fréquenter un site censuré tellement nous sommes nombreux à le faire ».

Capture d’écran de l’application Youtube depuis un téléphone en Iran, qui ne possède pas de VPN. (crédit : Dorsa.M)

Tout n’est pas censuré car le gouvernement aurait peur de se mettre la totalité des Iraniens à dos

« Je crois fermement qu’en ayant la possibilité d’utiliser les réseaux sociaux, nous avons la chance de communiquer avec d’autres parties du monde, de se faire des amis, d’échanger sur différents points de vues et trouver les moyens d’améliorer les choses. 

Personnellement, j’aimerais pouvoir changer les esprits les plus sceptiques et leur prouver que les réseaux sociaux ne vont pas nous corrompre comme l’explique le régime ».

Une jeunesse qui s’unie

« Censurer certains sites et réseaux sociaux rend simplement les adolescents plus déterminés à s’opposer au régime. La plupart cherchent des moyens illégaux pour y accéder et avoir les mêmes libertés que les jeunes de notre âges dans le monde. 

Mes parents et ceux de mes amis sont tout à fait d’accord que nous allions illégalement sur Internet. Je suis sûre que le gouvernement a peur de perdre le pouvoir face à notre obstination. C’est pour cela qu’il ne filtre pas toutes les applications et qu’il nous laisse l’accès à celles qui ne remettent pas en questions les valeurs du régime ».

Propos recueillis sur Instagram par Valentin Rivollier