Crise politique au Venezuela : comment en est-on arrivé là

Un manifestant jette une cartouche de gaz lacrymogène sur la police anti-émeute lors d’affrontements à Caracas le 22 janvier 2018. (Photo : AFP)

Le Venezuela était un des pays les plus riches d’Amérique latine il y a encore quelques années. Mais une mauvaise gestion a entrainé le pays dans une profonde crise économique et politique. 

Un résumé vidéo :

L’économie du Vénézuela était essentiellement basée sur sa production de pétrole, dont il possède la plus grande réserve connue à ce jour. La rentabilité de l’or noir a poussé les dirigeants vénézuéliens à ne pas diversifier leur économie, au risque que leur seul pilier s’effondre.

En 2014, le prix du baril de pétrole s’est effondré de moitié. Son faible coût a plongé le Venezuela dans une profonde crise économique. Son PIB a chuté de 35%.

Cours du prix du baril de pétrole. (Source: prixdubaril.com)

Il a aussi le plus haut taux d’inflation au monde (141 300%) et sa monnaie s’échange désormais à près de 47 millions de bolivars contre un dollar.

Taux de croissance du PIB vénézuélien. (Source: tradingeconomics.com)

Cette situation rend impossible l’accès au soins et à la nourriture pour les pauvres du Venezuela, qui représentent aujourd’hui 82% de la population. S’ajoutant à cela le taux d’assassinats qui a explosé ces dernières années.

Dérive autoritaire

La situation critique du pays a déclenché des mois de protestations contre le président Maduro. Selon un sondage DatAnalyse en 2016, 80% des Vénézuéliens sondés souhaitaient que leur président quitte le pouvoir. Pourtant, il l’a consolidé en rapprochant son pays d’un régime autoritaire. 

En décembre 2015, l’opposition politique a gagné deux tiers des sièges à l’Assemblée nationale lors des élections législatives, mettant le pouvoir de Maduro en péril. En réponse, Maduro a rapidement chassé plusieurs juges de la Cour fédérale et a comblé les postes avec des chavistes, proches de Maduro.

En mars 2016, la Cour fédéral a voté pour retirer les pouvoirs de l’Assemblée nationale dirigée par l’opposition. Elle reviendra finalement sur sa position dans un contexte social compliqué.

En juillet, Maduro a créé une Constituante ayant le pouvoir de de réécrire la Constitution et de remplacer l’Assemblée. Après un vote au suffrage universel, les chavistes ont remporté la totalité des 545 sièges.

Des manifestations meurtrières

Cette dérive du pouvoir a poussé les Vénézuéliens à descendre encore plus massivement dans les rues. Les manifestations étaient durement réprimés par la police. On comptait plus de 90 morts parmi les opposants à Maduro rien qu’entre mai et juillet 2017.

Entre 2015 et 2018, 2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays en à cause de la répression et de la pauvreté.

Un pays scindé en deux

Le 15 janvier 2018, le président de l’Assemblée nationale Juan Guaidó a déclaré que Nicolás Maduro n’était plus le président légitime du Vénézuela. Il s’est auto-proclamé président par interim.

Juan Gaidó a été reconnu par une grande partie de la communauté internationale. Parmi elle, les Etats-Unis, le Canada, la Suède et la France.

Nicolas Maduro a reçu le soutien de Vladimir Poutine, du président turc Erdogan, mais aussi du Mexique, de la Chine et de l’Iran.

Le 13 février 2018, Juan Gaidó a annoncé l’ouverture des frontières pour recevoir une aide humanitaire à destination de la population.

Mathieu Obringer