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L’obtention de la nationalité française est-elle réservée aux héros ?
Jeudi 31 janvier, les trois américains qui avaient neutralisé le terroriste de l’attaque du train Thalys n°9364 en 2015, ont reçu la nationalité française. C’était un souhait de leur part, qui leur avait été accordé depuis avril dernier. Cette cérémonie, aux Etats-Unis, n’avait donc que pour valeur l’officiel. L’occasion de revenir sur l’obtention de la nationalité en France.
L’attentat du Thalys

Le 21 aout 2015, les trois amis, Alek Skarlatos, militaire américain, Spencer Stone, ambulancier de la US Air Force et Anthony Sadler, étudiant voyageaient à bord du Thalys n°9364, reliant Amsterdam à Paris. Aux alentours de 18h, lorsque le train était près d’Oignies dans le Nord Pas de Calais, Ayoub El Khazzani, 26 ans, proche de l’islamisme radical s’empare d’une kalachnikov et ouvre le feu sur un passager. Il était monté en gare de Bruxelles alors armé de cette kalachnikov, d’un pistolet automatique et d’un cutter. Pendant presque 20 minutes de terreur et de lutte, six passagers héroïques tentent de désarmer l’assaillant. Malheureusement, seulement trois seront retenus. L’individu sera interpelé à la gare d’Aras vers 18h30. Aucun mort mais quelques blessés. Le bilan aurait pu être lourd sans l’intervention de citoyens, considérés désormais comme des héros. Enfin, certains notent l’attitude « lâche » du personnel de la compagnie de train qui est resté dans la cabine du conducteur, ce qui pourrait, rendre encore plus héroïques le geste des passagers.
Pourquoi la nationalité française ?
Mais pourquoi les trois Américains ont-ils obtenu la nationalité française alors qu’ils résident aux États-Unis ?
Le Consulat de France précise que c’est eux qui ont demandé cette nationalité. Leur naturalisation avait été publiée le 20 septembre 2018 dans le Journal Officiel ; annonce qui elle, était passée inaperçue. Pourtant les trois amis étaient déjà considérés comme français depuis la date du dépôt de leur demande, c’est-à-dire en avril 2018. Ils avaient également reçu la Légion d’Honneur par François Hollande, la même année que l’attentat. La cérémonie du 31 Janvier qui avait lieu à Sacramento faisait office d’officialisation. De manière symbolique, ils ont reçu leur certificat de naturalisation par le consul de France à San Francisco Emmanuel Lebrun-Damien, qui déclare : « ils ont risqué leur vie pour les valeurs de la République ».
Mais à quoi va leur servir la double nationalité ?
Selon eux, c’est un vrai plus pour leur vie future et un acte très important de par le lien créé avec le pays depuis le choc qu’ils ont vécu : « On y est retourné quatre-cinq fois depuis l’attaque terroriste […] cela signifie beaucoup de pouvoir voyager librement entre les deux pays et même pouvoir y vivre un jour si on en a envie », a déclaré Alex Skarlatos à l’AFP. Pour ce qui est d’Anthony Sadler, il précise « ça ouvre tellement d’opportunités différentes dans ma vie, (…) Peut-être que j’aurai une femme française d’ailleurs !». Une remarque qui pourrait être discuté quant aux motivations d’obtention de la nationalité. On peut également noter le fait que les trois jeunes hommes qui résident aux États-Unis ne parlent pas français.
L’obtention de la nationalité française

En 2018, 77 778 personnes ont reçu la nationalité française, tous moyens et toutes tranches d’âge confondus (par mariage, par décrets…). Ces chiffres sont en baisse de 7% depuis 2012. On peut, par exemple, opposer ces chiffres à ceux des demandeurs d’asile de l’année 2017 : 100 755. Les chiffres d’acquisition de la nationalité française restent assez faibles.

Alors comment expliquer que des jeunes hommes résidant aux États-Unis et travaillant dans ce même pays aient pu obtenir la nationalité française ? La raison : leur acte de bravoure. On peut relier cette histoire à celle de Mamadou Gassama, qui a obtenu la nationalité française après avoir sauvé un enfant qui tombait d’un balcon, en septembre dernier. Ce malien d’origine était arrivé en France 1 an plus tôt. Il était alors en situation instable, résidant chez son frère et travaillant « au noir » dans le bâtiment. Mais aurait-il obtenu cette naturalisation tant convoitée s’il n’avait agi en héros ? Ou, ferait-il parti des 33 000 personnes laissées de côté ? Ces questions restent donc en suspens.
Flavie Thivol