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Les joueurs E-sport tiraillés entre études et carrière professionnelle
Cela fait maintenant plus de cinq ans que le gaming est devenu une profession en France. L’intérêt grandissant des plus jeunes pour ce nouveau métier commence sérieusement à soulever des questions concernant leurs futurs. David « Mirage » Mérigou et Maxime « Blax » Thomas font partie de cette génération et possèdent une vision bien différente des choses.
La facette du sport électronique la plus connue du grand public reste les compétitions. Plusieurs tournois – LAN – sont créés, on regroupe les joueurs dans des hangars gigantesques, et ces gamers venant des quatre coins du globe s’y retrouvent avec un seul objectif : soulever le trophée.
Chaque franchise, appelée « team », présente son équipe (ou « roaster ») qui se veut être la plus compétitive possible. Parmi les franchises les plus connues, on retrouve notamment : Vitality – structure du désormais mondialement connu Corentin « Gotaga » Houssein – leur rivale, Millenium ou encore l’organisation Eclypsia. Les vainqueurs de chaque tournoi repartent avec une coupe et sont souvent aussi accompagnés d’un gros chèque allant de 3.000 euros pour les LAN régionales à quelque millions d’euros pour les compétitions internationales. Une économie fructueuse et inscrite dans l’air du temps qui suscite beaucoup d’engouement chez les nouvelles générations. C’est surtout avec l’arrivée tonitruante du jeu Fortnite, sans obligation d’achat,que la sphère du gaming a connu un énorme bond en avant.
Socialement, deux profils se dessinent chez les jeunes joueurs. D’un côté ceux qui prennent le risque de se lancer dans une carrière professionnelle sans aucun diplôme et de l’autre côté ceux qui choisissent d’allier études et gaming dans leur quotidien.
S’élancer dans le gaming à seize ans

© LeStream Esport
C’est le choix qu’a fait Maxime Thomas. Alors qu’il s’était engagé dans un bac professionnel de technicien d’usinage, il décide d’abandonner ses études pour tenter de vivre de sa passion : les jeux-vidéo. En parallèle de sa deuxième année de bachelier il est en stage rémunéré chez GentSide, une autre structure e-sport créée au début de l’année 2018. Il prend alors conscience de l’avenir qu’il peut s’offrir. L’appel du clavier et de la souris fut plus envoûtant que celui de la feuille et du stylo. « Je joue aux jeux-vidéo depuis mes 12 ans, j’ai toujours adoré les jeux de tir à la première personne, j’ai toujours rêvé de pouvoir vivre de ma passion » déclare-t-il. A ce jour, Maxime, connu sous le pseudo de Blax dans le monde du gaming, fait partie de la franchise LeStream Esport. Il se dit “épanoui” et “optimiste” quant à son futur, et cela même sans le diplôme du baccalauréat. Au niveau de son palmarès, Blax peut être fier de lui: 1ère place à la Valenciennes Game Arena (en équipe de quatre), 1ère place au Fall Skirmish Series (en équipe de deux), 7ème au Summer Skirmish Tournament (où les récompenses unifiées revenaient à un total de huit millions de dollars) et beaucoup d’autres. Récemment, il termine troisième de la Lyon Esport où il a pu montrer qu’il avait sa place parmi les meilleurs. Il termine avec une vision motivée en soulignant : « L’heure est à la préparation pour les prochaines compétitions, il faut que je m’entraîne dur et assidûment afin de montrer à tout le monde que l’âge n’est qu’un chiffre ».
Allier études et e-sport, un défi tumultueux
Voilà le pari risqué que David Mérigou s’est lancé. Après avoir obtenu un baccalauréat professionnel, un BTS “service informatique aux organisations”, ainsi qu’une licence “ingénieur sécurité informatique”, Mirage (de son pseudonyme) conjugue master en sécurité informatique et carrière professionnelle d’E-sport. Cela fait maintenant un an que le joueur évolue au sein d’une structure spécialisée. Il rejoint Nidhogg Esport en premier choix. Il poursuit quelques mois après en intégrant Reflex Esport et entre finalement chez Supremacy où il entame actuellement son sixième mois d’activité. A 24 ans, David Mérigou estime qu’il “faut préférer assurer les études pour garantir un futur solide en cas d’échec dans le monde du gaming”. Il estime que sa double présence dans le milieu scolaire ainsi que dans celui du gaming n’est pas quelque chose d’impossible à réaliser. La preuve avec sa réussite dans les deux domaines à la vue de ses performances gaming très honorables comme sa 28ème place européenne au Summer Skirmish Tournament, ou encore sa 4ème place (en équipe de quatre) à la Valenciennes Game Arena. Mirage explique tout de même que ce choix de vie n’est pas sans conséquences. Il nous confie devoir sacrifier des heures de sommeil afin de solidifier son niveau de jeu…
Martin Bobet
Tom Menetrey