
Cook, une cuisine déjantée et des questions philosophiques à volonté
Le samedi 9 février, l’acteur, humoriste et réalisateur césarisé Michel Boujenah est monté sur les planches du théâtre national de Nice. Le spectacle intitulé Cook est la nouvelle œuvre du metteur en scène iranien Nassim Soleimanpour. Une seule représentation pour une soirée unique.

Michel Boujenah s’avance. Il enfile son tablier, sa toque et déchire le cachet de l’enveloppe. Le spectacle peut commencer. Son texte, l’acteur le découvre pour la première fois. Deux cents feuilles de recettes entremêlées de questions philosophiques. Pendant que le plat est au four, nous réfléchissons et, parfois, nous interrogeons sur notre façon de manger. Surconsommation ? Nous ne sommes plus en phase avec le monde. Nous ne mangeons plus pour survivre, nous survivons pour manger.
La recette de cuisine se dévoile un peu plus à chaque feuille
Le texte anime l’acteur, M. Boujenah est sa marionnette et se fait surprendre : « J’ajoute le riz comme ceci ». Mais comment comme ceci ? « Je remplis un verre d’eau jusque-là [mais jusqu’où?] et je le bois », il tourne la feuille « mais seulement une gorgée ! » Le public intervient volontiers : « encore un petit coup d’eau ! » et ne manque pas de le rappeler à l’ordre lorsque l’huile sur le feu frétille trop. L’amateur cuisinier n’est pas pour autant déstabilisé et amuse : « ça commence à sentir comme la cuisine de ma mère ». Les morceaux de porc et de saumon s’agitent dans la poêle et le fumet envahit petit à petit la salle.
Le public devient acteur à part entière
Nous, spectateurs et acteurs, ne sommes qu’ustensiles de cuisine et ingrédients : Edith, une spectatrice, reçoit le certificat international de « meilleure saladière » pour avoir réalisé une salade mélangeant concombre, grenade et citron. Jacques & Joris sont respectivement Gin & Tonic. A l’appui sur un pied, chacun doit remplir le verre de l’autre avec précision et Michel Boujenah en profite pour cogiter sur l’équilibre.
L’histoire prend fin et la dégustation peut commencer
Encore un instant de philosophie, Michel Boujenah (ou l’auteur de son texte ?) nous demande de fermer les yeux et chaque ingrédient retrouve sa place dans une dernière histoire. Nous sommes dans une ferme et le concombre donne sa forme à la montagne, le cochon fait un groin d’amour dès qu’il aperçoit le saumon bondissant au-dessus du fleuve. Un plat final dont le goût doit être proche du pop-corn mélangé à du gâteau et du riz : nous sommes tous invités dans la cuisine, sur scène, pour la dégustation.
Jeanne Gandy