mars 05

Leila Alaoui, triste destin d’une jeune photographe prometteuse

Triste anniversaire. Le 15 janvier 2016, un attentat à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso fait 30 victimes. Parmi elles, Leila Alaoui, photographe et vidéaste franco-marocaine. Pour lui rendre hommage le musée Yves Saint Laurent de Marrakech lui consacrait, jusqu’au 5 février dernier une exposition.

La série « Les Marocains » de Leila Alaoui au musée Yves Saint-Laurent de Marrakech.
Photo / Charlotte Quéruel

C’est dans une petite pièce sombre, faiblement éclairée que le Musée Yves Saint-Laurent de Marrakech a présenté au public une exposition de la photographe franco-marocaine, Leila Alaoui. À titre posthume, le musée a exposé sa série « Les Marocains » réalisé entre 2010 et 2014. Une lumière tamisée exceptionnelle y a mis en valeur ses portraits grandeur nature.

Qui est Leila Alaoui?

Leila Alaoui est une artiste franco-marocaine née en 1982. Durant sa jeunesse, elle côtoie Pierre bergé et Yves Saint-Laurent. Toujours entourée d’artistes de tous horizons, elle se passionne pour la photographie. Elle vit entre Marrakech et Beyrouth. Humaniste, la jeune femme est fascinée par la diversité culturelle de son pays et par ses traditions qui disparaissent. « Pour moi la photo est un moyen de parler des réalités » disait-elle.

« Pour moi la photo est un moyen de parler des réalités »

Après ses études de photographie à New-York, elle décide d’utiliser cet art pour exprimer des réalités sociales. À travers un langage visuel, qui se situe entre le documentaire et les arts plastiques, Leila Alaoui témoigne de la diversité culturelle de son pays. Son travail explore l’identité et la migration dans l’espace méditerranéen.

Une grande artiste…

L’exposition proposait par le musée marocain constitue une « archive visuelle des traditions et des univers esthétiques marocains qui tendent à disparaître sous les effets de la mondialisation » expliquait Leila. C’est « un travail d’archives sur la diversité ethnique et culturel du Maroc ». Guillaume de Sardes, commissaire de l’exposition confie : « on est frappé par la majesté qui se dégage des portraits des Leila Alaoui, une majesté toute d’intensité et de silence ».

« Puisant dans mon propre héritage, j’ai séjourné au sein de diverses communautés et utilisé le filtre de ma position intime de Marocaine de naissance pour révéler, dans ces portraits, la subjectivité des personnes que j’ai photographiées » révélait l’artiste.

Nombreuses de ses œuvres ont été publiées dans de prestigieux journaux et magazines, y compris le New York Times et Vogue. Au moment de son décès, ses photos avaient été exposées à l’occasion d’une Biennale française et à la Maison européenne de la photographie.

… au destin tragique

En janvier 2016, alors qu’elle était mandatée par Amnesty International pour réaliser un travail sur les droits des femmes au Burkina Faso, Leila Alaoui a été victime des attaques terroristes de Ouagadougou du 15 janvier 2016.  Elle a succombé à ses blessures le 18 janvier 2016. 

L’engagement humanitaire de Leila Alaoui incluait, entre autres, des mandats photographiques pour des ONG reconnues comme le Danish Refugee Council, Search for Common Ground et le HCR.

Pierre Bergé à l’occasion de la remise à titre posthume de l’insigne de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2017 à Marrakech disait « Leila Alaoui faisait partie de ces gens engagés qui n’hésitent pas à parcourir le monde pour venir au secours des autres, pour témoigner, et c’est là ce qu’elle a fait de plus beau ».

Charlotte Quéruel