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La pratique du ski se fera rare dans les Alpes-Maritime en 2050
Les températures grimpent et la neige disparaît. Les stations des Alpes-Maritimes misent sur les canons à neige pour sauver leurs saisons mais sans cet or blanc naturel le ski devient impossible. Les scientifiques estiment que d’ici 2050 il n’y aura plus de neige en dessous des 2000 mètres d’altitude.
18 degrés un mardi de février. Les touristes affluent, sous le soleil sur la croisette à Cannes. A deux heures de la côte, les montagnes offrent aux vacanciers une sensation de glisse sur les pistes de ski. Les Basses-Alpes sont composées de nombreuses stations. Avec les années et le réchauffement climatique, la neige a tendance à être moins abondante chaque saison.
D’année en année on remarque une irrégularité de l’épaisseur du manteau neigeux. La saison 2006-2007 a par exemple été l’une des saisons les plus difficiles en raison du manque de neige, alors que dix ans plus tard, les quantités de neige ont été importantes. « Plus le temps passe, et plus il y a une irrégularité du manteau neigeux. Il y a des années à neige et d’autres qui n’en sont pas », explique Nicolas Martin, journaliste à France Culture (anime La Méthode Scientifique).
« On n’est même pas début mars et tous les versants Sud sont déneigés », alarme le journaliste.
Un manteau neigeux qui disparait
Les stations des Alpes-Maritimes atteignent une altitude de 3000 mètres, à moins de 40 kilomètres de la Méditerranée. Un poste de relevé du niveau de neige a été installé par les scientifiques à la station d’Isola 2000. Situé à 2000 mètres d’altitude dans le massif du Mercantour, le domaine skiable offre 45 pistes. C’est la station la plus haute du département.
Selon une étude de Nicolas Martin et Pierre Carrega, réalisée en 2015, le manteau neigeux d’Isola 2000 à évolué de la sorte suivante : Entre 1970 et 1990 les hauteurs moyennent annuelles de neige décroissent fortement puis on observe une légère tendance à la hausse jusqu’en 2010. Les relevés ont été effectués tous les ans sur une période de novembre à avril. La tendance générale entre 1970 et 2010 est visiblement à la baisse.
L’espérance de vie du manteau neigeux dépend de l’évolution de deux facteurs : les précipitations et les températures. Nicolas Martin s’inquiète pour le manteau neigeux qui va, selon les experts, continué de tendre à la baisse. « Dans le département les températures augmentent moins vites l’hiver que l’été, d’après les projections climatiques. » Les projections climatiques ne sont qu’estimations mais il est certain que la hausse des températures est l’un des facteurs de la disparition de la neige.
Le canon à neige comme seul remède aujourd’hui

La pratique des sports d’hiver a un véritable poids économique dans la survie des stations. Sans les saisons d’hiver, celles-ci ne pourraient pas survivre. Le manteau neigeux est plus ou moins important selon les années. Les canons à neige permettent donc de sauver les hivers les plus difficiles.
La station de Valberg a investi l’an dernier dans 70 canons à neige, nouvelle génération. Ils fabriquent deux fois plus de neige artificielle que les plus vieux canons à neige de la station, et envoient les flocons plus loin.
Pour le journaliste de La méthode scientifique, le canon à neige n’est qu’une solution à court terme, qui permet à l’heure actuelle de « différer les difficultés économiques que peuvent avoir les stations, dues à la variabilité des quantités de neige. » L’utilisation du canon à neige reste limité dans le temps puisque pour son bon fonctionnement, les températures extérieures doivent se situer entre -8 et -5 degrés, ce qui devient rare avec le réchauffement climatique. « Si les températures sont trop élevées, le canon à neige projette de l’eau. Et il faut dans tous les cas, sur les pistes, de la neige naturelle avant la neige de culture », continue Nicolas Martin.
Les touristes sont encore présents
Même si le manteau neigeux diminue les touristes restent friands des stations de ski en hiver. D’après le dispositif Orange Flux Vision le nombre de touristes a augmenté entre les saisons 2015-2016 et 2017-2018. L’office de tourisme de Valberg confirme que les évolutions constatées sont « en large majorité dues aux conditions climatiques. » La part de touristes a quant à elle chutée de 10,1% pour la saison 2015-2016 à 5,5% pour la saison 2017-2018.
La crainte des saisonniers
Michel propriétaire depuis une dizaine d’années d’une auberge située entre Valberg et Guillaumes confirme que « Ça me fait, peur. Je savais qu’au fur et à mesure des années il y aurait moins de neige mais là vraiment c’est flagrant. On est début février, mes clients ne peuvent pas accéder en voiture jusqu’au gite parce que toute la neige qui a fondu à complètement détrempé le chemin. C’est tout boueux, impraticable. Je ne pensais pas que ça irait si vite. »
Les stations de sports d’hiver vivent grâce au tourisme. La disparition de la neige entrainera la mort de nombreux emplois, dans le secteur de l’hôtellerie et des loisirs. A Greolière-les-Neiges, la saison est déjà terminée. La station des Alpes-Maritimes, située entre 1400 et 1800 mètres d’altitude à été contrainte de fermer son domaine, lundi 11 mars, pour cause de manque de neige. Seulement 15 centimètres sont tombés sur la station et les canons à neige ont permit l’ouverture de quatre pistes sur vingt-trois .
Des conflit d’eau accompagnent l’utilisation des canons à neige
Plus de ski dans les Alpes-Maritimes en 2050
« A la fin du siècle, Isola 2000 sera trop bas pour avoir de la neige l’hiver à la fin du siècle selon des études. » Isola 2000 est la station la plus haute du département, il n’y aura donc plus de stations en capacité de proposer du ski d’ici 2050, d’après les experts. Nicolas Martin ajoute : « Si on continue à se comporter comme on se comporte, le ski , ça sera fini largement avant la fin du siècle. » Cette tendance ne sera pas seulement visible dans le massif du Mercantour, mais sur tous les massifs.
Aurore Coulon