[Carte-Blanche] Frontières : entre corps et esprits

Samedi 2 mars au Théâtre National de Nice (TNN), les spectateurs ont pu assister à l’avant dernière représentation de la pièce Frontières, réalisée par Joris Frigerio, originaire de la ville. Un spectacle qui a largement séduit les spectateurs par l’originalité et la sensibilité de cette pièce étonnante. 

De la danse, l’art du cirque et du théâtre : la promesse d’une pièce originale

Les 6 artistes répondant aux questions des spectateurs à la fin de la pièce. ©Flavie Thivol

Joris Frigerio, avec sa formation aux disciplines du cirque avait déjà produit il y a 3 ans une pièce essentiellement basée sur cet art. Il donc fait son grand retour dans sa ville natale pour présenter sa nouvelle pièce Frontières. Elle met en scène 5 voisins d’un immeuble, tous souffrant d’un mal-être qui les empêchent d’être heureux. Leur sauveur : ce sera un ange. Mais pas n’importe lequel. Un ange qui n’est pas prédestiné à aider les humains, un ange fainéant et immature qui ne sait pas encore ce qu’est le malheur. Mais cette pièce d’apparence « niaise » comme son réalisateur la caractérise, s’avère être une grande surprise, mélangeant des éléments originaux, du décor, de la façon de jouer et de mélanger toutes les disciplines, en passant par la musique électronique. Tout d’abord, les artistes ne parlent pas : ils dansent. L’ange, interprété par Guillaume Geoffroy, est le seul comédien de la troupe. Il interprète son propre rôle mais aussi la voix interne des personnages, exprimant leur mal-être profond pendant qu’ils dansent. Pendant ces minutes de pures poésies, la musique est intense. Les vibrations de l’électronique prennent au cœur et chaque note accompagne le danseur et son état d’esprit. Comme l’explique le réalisateur Joris Frigerio, c’est Samuel Sérandour, artiste basé au Canada, qui a composé toutes les musiques du spectacle. Mais encore une fois la création n’est pas banale. Le compositeur a créé les musiques avec la rythmique des corps, une fois les chorégraphies établies. 

Une pièce sincère et émouvante 

Le terme qui caractériserait le plus cette pièce, ce serait l’émotion. Et c’est ce que le public était venu chercher, à en voir les très longues minutes d’applaudissements des spectateurs, et les larmes qu’ils essuient. Ces réactions répondent à la sincérité de cette pièce qui témoigne de choses dont on ne parle pas, le mal-être. Tout y passe : le deuil, la dépression, l’échec, le manque de confiance, le burnout, la pression, la différence de classe sociale… Ces sentiments font écho en nous tant les mots choisis pour décrire les décrire sont sincères et profonds. Toutes ces formes de mal-être conduisent dans le cas de cette pièce à l’égoïsme et le vide intérieur. Ces 5 personnes vivent en apparence mais semblent mortes, un sentiment accentué par le manque de dialogue et les expressions faciales des acteurs. L’ange qui va les aider est un peu comme le spectateur, il n’était pas prêt à tant de malheur et c’est une véritable bouffée de sentiments et de réalité, une claque pour la salle qui a dû sécher ses larmes à la fin. Mais ce qui donne un large sourire et amène tous les remerciements de la part du public aux artistes, c’est la fin heureuse de la pièce. En effet, la fin introduit une valeur humaine, parfois disparue : l’altruisme. Ce que l’on ressent en quittant la salle, c’est de l’espoir, l’espoir de pouvoir sortir de ses problèmes et l’espoir en la bonté humaine.                                                                                                           

Agathe Marty

Flavie Thivol