« La Clef de Gaïa » et « Une Vie qui s’envole » : Les Perles de Performance d’Acteur

Pour sa 40ème édition le Festival d’humour Performance d’Acteur a accueilli du 14 au 20 avril à Cannes des grands noms de l’humour comme de jeunes talents. Retour sur deux spectacles marquants.

La Clef de Gaïa

Ce jeudi 18 avril, dans le cadre du Festival Performance d’Acteur, le théâtre Alexandre III accueillait un spectacle unique, à la fois drôle et émouvant.

Depuis deux ans « La clef de Gaïa » a conquit toutes les salles de l’hexagone et est encensé par la critique. Les quelques 176 fauteuils rouges du théâtre ont tous trouvé preneur, et c’est parti pour plus d’une heure d’un spectacle pas comme les autres. Le décor est simple, intimiste : une tente berbère et une lumière subtilement tamisée. C’est dans cette ambiance poétique et cosy que Lina Lamara (ex The Voice) se révèle entre envolée lyrique et chant. Elle y raconte son enfance avec Mouima, sa grand-mère qui la surnomme Gaïa, « la terre ». Elles sont complices et nous dévoilent les difficultés d’être une femme en France en portant un héritage culturel algérien. Mais petite fille, Lina a un rêve : devenir chanteuse de soul.

Fantastique Lina Lamara !

Après avoir participé à The Voice en 2012, joué dans Plus Belle la Vie et diverses comédies musicales, elle réalise ici la plus grande performance de sa carrière. Alternant entre son rôle de petite fille et celui de Mouima, Lina Lamara est folle d’énergie et de tendresse. Auteure d’un texte drôle et émouvant, elle évoque la tolérance, l’intégration, l’amour, les hommes, toujours avec bienveillance. Cet appel à l’amour transgénérationnel résonne en chacun de nous et lorsque les notes de musiques se font entendre, le public est transporté. Elle chante ses propres chansons en arabe, accompagnée par Pierre Delaup à la guitare dont les interludes musicales ajoutent à la féerie et illustrent ses scènes de vie avec Mouima. « Prenez soin de vos rêves » tel est la conclusion de cette ode à la rêverie.

 

Une vie qui s’envole

Mercredi 17 avril à l’Hôtel Eden, l’acteur David Saada a livré un seul en scène, rare et intensément poétique.

Dans un torrent d’émotion et de larmes au coin des yeux, le public se lève comme un seul homme, pendant 5 minutes les quelques 50 spectateurs saluent une performance remarquable. Rare et puissant : Une Vie qui s’Envole fait naître une pluie d’ovations. C’est l’autobiographie sous-jacente de David Saada qui est raconté par le biais d’un journal intime, celui de « D ». Alors qu’il s’élance dans le vide pour se suicider, le comédien voit sa vie défiler, des souvenirs les plus récents aux plus anciens. En parallèle on assiste à sa dernière discussion avant le saut avec celle quii l’aime, des tirades fortes et romantiques qui tiennent en haleine le spectateur. C’est un récit chargé d’émotion, sublimé de poésie et agrémenté d’une touche d’humour : un chef d’œuvre.

La mystérieuse vie de « D »

« D » c’est le pseudonyme du comédien, patronyme qui lui a été donné lorsque « la femme de sa vie » l’a quitté à sa naissance. Le récit de sa vie est à la fois simple et émouvant, il nous raconte le racisme, l’enfance sans parents biologiques mais aussi ses joies et ses peines. Entre deux récits, le voici comme suspendu, éclairé d’une lumière rouge, en fond quelques notes de musique, il poursuit sa chute, puis s’arrête, et reprend ses envolées poétiques. Pour son premier one-man show David Saada a obtenu la reconnaissance de ses pairs avec 3 nominations aux Petits Molières. On achève alors cette remontée fantastique de son existence et on arrive à sa naissance : celle d’un grand comédien.

Alexandre Pastorello