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Le handibasket : la persévérance avant tout

Les associations handisport sont de plus en plus nombreuses. Elles proposent un grand nombre d’activités différentes. Le handibasket en fait parti. Nous sommes allées à la rencontre de deux de ces associations, zoom sur ces joueurs hors-norme.

Les joueurs du CSBJH, durant un entraînement, ©Lauryne Guignard, 20/03/2019

Au CSBJH (Club Sportif de Bourgoin-Jallieu Handisport) de Bourgoin-Jallieu, et au CRHCVL (Comité Régional Handisport Centre Val de Loire) d’Orléans, les joueurs se donnent à fond chaque semaine dans leur sport : le handibasket. La concentration règne. On entend les fauteuils roulants qui entrent en contact, les dribbles des ballons. Les règles sont différentes de celles du basketball, mais restent très proches. Le handisport est donc une manière, pour ces joueurs, d’être comme les autres, de faire du sport, mais avant tout de s’amuser. Une belle leçon de vie, que chacun d’entre eux donne chaque jour. Le handicap ne les arrête pas mais, au contraire, les renforce. À Orléans, c’est la compétition qui prime. Mais à Bourgoin-Jallieu, c’est surtout la détente qui compte.

Au CSBJH, c’est le plaisir avant tout

Le Club Sportif de Bourgoin-Jallieu Handisport s’entraîne tous les mercredis soirs au handibasket. Chaque joueur vient avec plaisir jouer avec ses coéquipiers. La particularité de ce club : les personnes valides sont aussi de la partie. Pour cause, l’équipe n’arrive pas à trouver de nouveaux joueurs. Trois de leurs camarades sont décédés en 3 ans, un bouleversement pour les coéquipiers. Des fauteuils leurs sont prêtés aux personnes valides qui veulent jouer, comme ici, au CSBJH. La moitié de leur équipe est composée de valides, c’est-à-dire une dizaine de personnes. On peut compter des personnes de tout âge, comme des personnes âgées mais aussi des adolescents de 16 ans. Malgré les différences, tous ont leur place au sein de l’équipe, et chacun à son mot à dire. L’esprit d’équipe prône, et l’entente est au rendez-vous.

Mais comment se déroulent les compétitions? Il y a un peu plus de 8 ans que la compétition s’est terminée pour le handibasket de Bourgoin-Jallieu. C’est surtout le manque d’équipes aux alentours qui en est à l’origine. Malgré cela, les joueurs sont tout de même bien occupés. Ils font très souvent des interventions dans les établissements scolaires. Ils sensibilisent les élèves au handicap et au sport en même temps. Ils leur font essayer le handibasket avec eux, leur expliquent les règles, qui sont légèrement différentes de celles du basketball. Ces interventions permettent à aux jeunes de se mettre à la place des joueurs, et de les comprendre. Dans le même temps, ils essayent de montrer à ces adolescents, que même avec un handicap, tout est possible. Et surtout, que le handisport peut être pratiqué pour et par tous, valides comme invalides.

Un match acharné avec des joueurs motivés

Samedi 8 avril 2019, à Orléans, l’équipe locale masculine de handibasket et celle de Paris du CAPSAAA (“handiCAP”, Sport, Aventure, Art et Amitié) se sont affrontées lors de l’avant-dernier match de la saison de Nationale 2. Les deux équipes étaient déterminées à remporter le match, elles se sont démenées. Malheureusement pour eux, les parisiens ont laissé leur place aux orléanais pour le prochain et dernier match de la saison. Déçus mais fiers de leur jeu, les joueurs de Paris parlent du handibasket “comme une manière de se sentir comme avant et comme les autres sportifs”. Tous ont une histoire : accident ou malformation de naissance. Mais chacun d’entre eux arrivent très bien à vivre avec, ou du moins, mieux qu’avant. Par le sport, les joueurs de handibasket orléanais comme parisiens, veulent prouver qu’il est possible de vivre normalement avec un handicap. Ils prennent cela très à cœur et sont toujours motivés à dépasser leurs limites.

Je faisais déjà du sport avant mon amputation et je garde les mêmes valeurs”, affirme Paul, 31 ans, parisien. Malgré sa maladie qui lui a coûté sa jambe droite, il explique qu’il a réussi à accepter très vite d’être unijambiste. Le sport reste indispensable pour lui et c’est la première chose qu’il a voulu reprendre après son opération : “c’est une façon de penser à autre chose et montrer qu’on peut faire du sport avec une jambe en moins”. Paul ne se ferme pas quand on parle de son handicap et fait même un peu d’humour de temps en temps sur le sujet.


Retour sur le parcours d’un joueur du CSBJH

Depuis 1997, Rudi est paraplégique. Avant son accident, il faisait déjà du sport. Il raconte qu’il lui a fallu un temps d’adaptation avant d’accepter ce qui lui était arrivé, mais que c’est “normal”. Cet ancien sportif a décidé de passer outre son handicap, et s’est lancé dans le handibasket. Il s’entraîne avec l’équipe tous les mercredis soirs, et persévère pour augmenter son niveau. Rudi affirme que le handibasket “c’est vraiment bien”, que “ce n’est pas pareil que le basketball, mais c’est une tout autre qualité de jeu”. Il donne aussi une belle leçon à tous. Pour lui, “il ne faut jamais se plaindre et relativiser”. Il conclut en disant: “On a quand même une part de chance non négligeable, il faut se dire qu’il y a toujours pire”.


Lauryne Guignard / Charlotte Chevallier