septembre 26

Comprendre le plaisir féminin avec Instagram

Dans une société où il est nécessaire de lancer une pétition pour exiger une représentation complète de l’organe génital féminin dans les manuels scolaires, comprendre le fonctionnement du corps et du plaisir féminin n’est pas simple. De nombreux comptes sur les réseaux sociaux  se sont emparé de cette mission et tentent d’éclairer leurs abonnés sur les mystères perpétués autour du sexe féminin.

Dora Moutot, ancienne rédactrice en chef adjoint de Konbini, a lancé sur Instagram son propre compte et le nom est équivoque : @t’as joui ? Si la question semble bienveillante aux premiers abords, elle représente aussi le malaise et l’ignorance des hommes lorsqu’il s’agit de faire jouir leur partenaire. Dora Moutot y dénonce ces mythes devenus courants : « La sexualité féminine, c’est compliqué » et « chez les filles, la jouissance est plus cérébrale. » Selon elle, ces idées permettent aux hommes de cacher leurs méconnaissances ou leur manque d’intérêt pour le plaisir féminin. Son compte est alors un endroit où les femmes, comme les hommes, peuvent s’exprimer librement, témoigner sur leur rapport au plaisir. Les tabous sont au placard et tout y passe : masturbation, simulation, règles, poils, violences sexuelles ou psychologiques… Apprendre à aimer son corps, se détacher de ces illusions selon lesquelles les seins sont naturellement parfaitement arrondis ou que « nos chattes ne sont pas forcément censées ressembler à de jolies petites pêches à la peau claire où rien ne dépassent ».

Dora Moutot considère que la clé de l’orgasme c’est la communication: «  les hommes ne peuvent pas se remettre en question si on ne leur en donne pas l’occasion. » @Tasjoui
Julia Petri affirme: «  Nous avons de l’or au bout des doigts… » @Gangduclito

Un autre compte Gang du clito est complétement consacré à cet organe mystérieux. « This is not a ghost, a legend or an alien» : le clitoris, cet organe unique dont la seule fonction est dédiée au plaisir. Un organe incompris, mutilé et trop souvent réduit au silence auquel Julia Petri veut redonner une forme et une reconnaissance. Sous chacune de ses publications, l’instagrameuse rappelle le même constat alarmant : « ¼ des filles de 15 ans ne savent pas qu’elles possèdent un clitoris, et 83% ignorent son unique fonction érogène ». Elle placarde alors les murs de Paris avec ses affiches (ndrl illustration) et a sorti en septembre Le petit guide de la masturbation féminine. Plus de 6 000 témoignages réunis en une centaine de page, déjà vendus à plus de 4 500 exemplaires. Casser ce tabou qu’est la masturbation féminine et déculpabiliser les femmes pour qu’elles puissent mieux se réapproprier leur sexualité et leur corps. Deux comptes Instagram pour pallier le manque d’éducation sexuelle et introduire l’idée que revendiquer son droit à la jouissance devrait être une évidence.

Jeanne Gandy