[Mouans-Sartoux 2019] Bernard redore la littérature

C’est dans un capharnaüm organisé que Bernard Chauvière, doreur depuis plus de vingt ans, présente son métier.

Bernard Chauvière est présent au festival depuis une vingtaine d’années. Photographie de Charlotte Quéruel.

Dans le hall B du festival, à l’espace Beaux livres, Bernard Chauvière attire les foules. Entouré d’ouvrages anciens aux couvertures incrustées d’or, sourire aux lèvres, lunettes sur le nez, arborant fièrement un tee-shirt des Pink Floyd, le rockeur doreur se met au travail.

Savoir-faire particulier

Comme dans son atelier, l’artisan a installé une table de travail à l’extrémité de son stand. Petits et grands se pressent pour le voir façonner la tranche d’un livre. D’abord nez dans une parfumerie, relieur puis doreur, cet artisan a consacré sa vie à l’Art. L’artiste, établi à Mougins, réalise des dorures ordinaires ou précieuses pour des professionnels ou des particuliers. “Les bibliophiles viennent me voir par passion, mes autres clients sont des curieux qui souhaitent bien souvent faire relier et dorer un ouvrage qui leur est cher”, confie le sexagénaire. Flacon de blanc d’œuf dans une main, pinceau dans l’autre, Bernard prépare son plan de travail. Il baisse son tabouret, sort du coton, humidifie une éponge, s’installe et dévoile enfin ses petits carnets de feuille d’or.

Feuille d’or et blanc d’œuf

Ses outils sont disposés à côté de lui, le livre est maintenu dans un étau. Minutieux, il applique une mixture sur l’ouvrage. “J’utilise du blanc d’œuf, l’albumine naturelle sèche plus vite que les procédés chimiques”, explique-t-il. Calme, il patiente quelques minutes, découpe la feuille d’or et chauffe ses outils. Sous le regard médusé des enfants, le doreur pose délicatement l’or sur les décors incrustés du livre. “Attention, on ne prend jamais directement la feuille d’or à la main, prévient l’artisan. Sinon, ça colle ! On utilise du coton.” Enfin, armé d’un fleuron, fer porteur d’un motif, chauffé et refroidi sur l’éponge, il l’applique et fixe le tout. Bernard répète l’opération et, peu à peu, le décor prend vie. L’or contraste avec la couleur rouge éclatante de la reliure. La mission du doreur est terminée. En tout, il faudra une trentaine de minutes à l’artisan pour réaliser la dorure.

Charlotte Quéruel