Du plastique écologique et éducatif en Côte d’Ivoire

À Abidjan, une usine pour recycler des déchets plastiques en briques est en cours de construction depuis le 29 juillet. Un matériau durable qui permettra la lutte contre la pollution et la crise scolaire.

Dans le quartier de Gonzagueville, une école a été construite entièrement en briques de plastiques recyclés, grâce à un partenariat entre l’Unicef et la société colombienne Conceptos Plasticos. (Photo : Unicef)

Bienvenue à Gonzagueville, un quartier d’Abidjan, la capitale ivoirienne. Ici, trois salles de classes atypiques ont vu le jour. Elles sont fonctionnelles et accueillent des petites, moyennes et grandes sections. La différence n’est pas tant dans le fonctionnement de l’école que dans ses murs. Les classes sont entièrement faites de briques en plastique. C’est un partenariat entre l’Unicef et l’entreprise sociale colombienne Conceptos Plásticos qui est à l’origine de ce projet. Une des volontés premières ? Lutter contre la crise scolaire qui gangrène la Côte d’Ivoire. Aboubacar Kampo, le représentant d’Unicef, explique que « l’une des plus grandes difficultés des écoliers ivoiriens est liée au manque de classes. Parfois, les infrastructures sont inexistantes, et lorsqu’elles existent, elles sont surchargées, ce qui rend l’apprentissage compliqué et désagréable. » Les classes de Conceptos Plásticos auraient, elles, la capacité d’accueillir jusqu’à 50 élèves. 500 salles sont en projet de construction d’ici à l’année prochaine pour 25 000 écoliers, parmi les plus défavorisés de Côte d’Ivoire.

Trouver une solution aux 280 tonnes de déchets quotidiens à Abidjan

Aussi incongrue que semble la possibilité de sortir de la crise environnementale en utilisant plus de plastique, c’est pourtant l’objectif clairement affiché. Les briques sont réalisées à base de déchets recyclés. Ceux-ci seront récoltés en Côte d’Ivoire, dans les zones polluées de la capitale et ses alentours. Chaque jour, 280 tonnes de déchets plastiques sont produites ne serait-ce qu’à Abidjan, et seuls 5 % d’entre elles sont recyclées. Le reste, selon Unicef, serait déversé dans les décharges des quartiers pauvres alentours. En plus d’être une catastrophe écologique, la mauvaise gestion des déchets est responsable de 60 % des cas de paludisme, diarrhée et pneumonie chez les enfants – soit les principales causes de mortalité infantile en Côte d’Ivoire.

Le projet de Conceptos Plásticos se veut tomber à point nommé. Ils comptent recycler 9 600 tonnes de déchets plastiques en briques. Ces dernières sont décrites comme ignifugées, résistantes aux aléas climatiques et plus faciles d’utilisations que les parpaings traditionnels. Une perspective alléchante quand on apprend que la plupart des salles de classes ivoiriennes sont faites de bambous, bâches ou terres, qui ne sont pas des matières assez solides pour faire face au climat extrême. Bon point supplémentaire : une seule salle de classe couterait 10 000€ à construire, contre 15 000€ avec les matériaux habituels.

De la Colombie à Yopougon

Jusqu’au 29 juillet dernier, les premières salles de classes de plastiques étaient réalisées grâce à des briques importées depuis la Colombie. À présent, une usine est en cours de construction dans le centre industriel d’Abidjan : Yopougon. « Sa vocation est triple : plus de salles de classe pour les enfants en Côte d’Ivoire, moins de déchets plastiques dans l’environnement et des sources de revenus supplémentaires » explique Henrietta Fore, directrice générale d’Unicef. Pour l’instant, ce sont déjà neuf salles en plastiques qui se sont ouvertes à la rentrée, à Gonzagueville, Divo et Toumodi.

Enora Hillaireau