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Peaky Blinders mêle histoire et anachronisme
Sortie en août au Royaume-Uni, la cinquième saison de la série Peaky Blinders est disponible depuis le mois d’octobre sur Netflix. Lancé en 2013, le programme britannique a depuis connu un franc succès. L’intrigue de la série débute en 1919 au Royaume-Uni, et principalement à Birmingham. On suit les Peaky Blinders, groupe de gangsters qui a réellement existé, mais pas à la même époque. Retour sur cette période et sur ce gang.

© spotern
Le 12 septembre 2013, le premier épisode de la série Peaky Blinders permettait à quelques téléspectateurs de découvrir et connaître le gang de Birmingham. Six ans plus tard et après cinq saisons, ce nom est désormais connu partout, grâce à cette série qui a su gagner en succès et en popularité. Avec un pic d’audience à 4 millions de téléspectateurs lors de la diffusion du premier épisode de la cinquième saison sur la BBC One, la série a pris une grande ampleur au Royaume-Uni, et pas seulement. La recette de ce succès tient du travail dans l’évolution des personnages, mais aussi, et surtout, de l’ambiance de la série, où l’on se croit plongé au Royaume-Uni dans les années 1920. On suit alors une famille, les Shelby, et notamment leur chef de file, Thomas (interprété avec brio par Cillian Murphy).
Une inspiration de faits réels plus qu’une histoire vraie
Cette famille Shelby n’a pas existé dans l’histoire du Royaume-Uni. On n’est donc pas face à une histoire vraie, mais face à une série inspirée de faits réels. Le gang des Peaky Blinders, installé dans le quartier de Small Heath à Birmingham, a véritablement existé. Seulement, la série nous les montre dans les années 1920, alors que leur histoire s’est déroulée avant cela, à la fin du XIXe siècle. À cette période, Birmingham, déjà deuxième ville d’Angleterre, était vue comme la capitale de la violence, du jeu et du trafic d’alcool. Le gang était impliqué dans les jeux d’argent, les trafics et vols, et utilisait énormément la violence. Leur particularité venait de leur tenue, représentée parfaitement dans la série : ils étaient habillés avec les vêtements les plus « chic » de l’époque, et, surtout, portaient toujours une casquette. Selon les dires, ils cachaient des lames de rasoir sous la visière de leurs casquettes et s’en servaient comme de véritables armes. Cet aspect du gang est utilisé à certains moments de la série, dans les premières saisons, mais n’est pas central. Tous les éléments caractéristiques des Peaky Blinders sont les mêmes dans la série. Là où les récits divergent entre réalité et fiction est au niveau de la chronologie, le gang ayant disparu au début du XXe siècle, quand la série les montre au sommet de leur puissance dans les années 1920. Mais Steven Knight, le showrunner de Peaky Blinders, n’a pas peur de jouer avec cet aspect anachronique. La musique utilisée, du rock des années 2000 avec Nick Cave & The Bad Seeds, The White Stripes ou Radiohead comme exemples, n’est absolument pas d’époque. Pourtant, elle se marie parfaitement avec le rythme, l’intrigue et la réalisation de la série.

Une série pleine de richesse historique
Malgré ces inexactitudes chronologiques, la série reste fidèle à l’histoire du Royaume-Uni. Si les Shelby, personnages centraux de l’histoire, n’ont jamais existé, ce qui donne plus d’incertitude au téléspectateur face à leur évolution, on retrouve des figures importantes de l’époque, à commencer par Winston Churchill. Évoqué à de nombreuses reprises dans les premières saisons, il a le droit à quelques apparitions, notamment dans le dernier opus où il est interprété par Neil Maskell. Mais le respect de l’histoire se trouve davantage dans la contextualisation de la série. Au début, les héros sortent de la Première Guerre mondiale où ils sont allés combattre en France. Le spectre de cette guerre est donc présent en eux au fil des saisons. Relations avec l’Irlande, rêve américain, mafia italienne, grêves, communisme, industrie… Tout ce qui faisait le contexte de l’époque est évoqué et décrit dans la série. Et la saison qui va le plus loin dans ce sens est justement la dernière. Débutant en 1929 avec le krach boursier de Wall Street et ses conséquences (nombreuses pour les héros qui sont avant tout des bookmakers), elle continue avec la montée du fascisme en Europe. Avec le personnage d’Oswald Mosley (interprété par Sam Claflin), réel fondateur de la British Union of Fascists dans l’histoire anglaise, la série devient également politique. Et c’est cette intrigue politique qui sera au centre de la suite de la série, pour laquelle il reste deux saisons avant de conclure.

© town & country magazine
Colin Revault