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La fin d’une ère en Bolivie
Après près de 14 ans au pouvoir, le président bolivien Evo Morales a démissionné ce dimanche 9 novembre suite à des mouvements de contestation populaire qui survenaient depuis plusieurs semaines dans le pays. Il a ensuite rallié le Mexique, qui lui a offert l’asile politique. Retour sur les raisons qui ont poussé le seul président indigène d’Amérique du sud à quitter le pouvoir.
C’est le 20 octobre dernier que tout a commencé, lors de l’annonce du résultat des élections présidentielles. Le président sortant, Evo Morales, qui s’était présenté pour un quatrième mandat, allant à l’encontre d’un référendum de 2016 ou les bolivien ont voté contre cette possibilité, remportait les élections. Avec 47,07% des suffrages, le président de la république bolivienne devançait son premier poursuivant Carlos Mesa, qui tablait lui à 36,51%. La règle bolivienne disant que la majorité absolue était atteinte à partir du moment où un candidat réuni plus de 40% des suffrages et 10 % d’avance sur son premier poursuivant, Evo Morales partait donc sur un quatrième mandat consécutif. L’opposition s’est alors très rapidement positionnée, dénonçant une manœuvre illégale du président sortant pour conserver le pouvoir. Depuis, les tensions ont démarré dans la capitale, avec des contestations populaires qui n’ont cessé de s’accroître.
Un rapport qui a tout chamboulé
Dès le 1er novembre, face aux forts soupçons de corruption du président aymara, l’organisation des états américains (OEA) a été chargée de mener une enquête que la validité ou non de ce scrutin présidentiel. Après quelques jours d’enquête, les résultats sont tombés dimanche 10 novembre : l’organisme a expliqué dans un rapport qu’il était impossible au niveau statistique qu’Evo Morales ait remporté le scrutin avec plus de 10 % d’avance sur son premier poursuivant. Le rapport constate aussi qu’il y a eu plusieurs irrégularités notables le jour du vote. En fin de rapport, les experts demandaient alors que de nouvelles élections soient programmées et que les résultats de la précédente étaient tout simplement invalides. Dans la journée, Evo Morales fut alors face à un enchaînement de problèmes. Suite à ce rapport, les oppositions se renforcèrent alors davantage, mais surtout, alors que plusieurs mutineries policières intervinrent dans le pays, le président perdit le soutien des forces militaires, qui ont rejoint les manifestants pour demander sa démission.
La démission et des questionnements
Face à cela, le président a donc pris la parole à la télévision bolivienne, aux alentours de 17h, pour annoncer sa démission. Il a expliqué que sa décision était le seul moyen de « pacifier la Bolivie », se disant victime d’un « coup d’état civique, politique et policier ». L’ancien chef d’état s’est alors enfuit rapidement vers le Mexique, qui lui a offert l’asile politique, pendant que sa maison était vandalisée par des manifestants. Seul problème, le départ du président laisse un énorme vide et le pays n’a désormais plus de gouvernement, puisque tout les successeur constitutionnels d’Evo Morales ont eu aussi démissionné. Pour l’heure, c’est la deuxième vice-présidente du Sénat, l’avocate Jeanine Añez, qui assurera l’intérim à la présidence en attendant la tenue des prochaines élections d’un pays qui a un avenir encore flou.
Quentin Ruda et Agathe Marty