décembre 23

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Privatisation de la FDJ : Qui en sortira gagnant ?

Du 7 novembre au 19 novembre, tout citoyen peut devenir actionnaire de la Française Des Jeux. Une privatisation avec laquelle l’État compte bien renflouer une partie de sa dette. 

© buralistes.com

L’État, un vainqueur à court terme

Ce mercredi, Bruno Le Maire a donné les premiers résultats de la campagne de privatisation de la société française de jeux. Annoncée depuis début juin, la privatisation a séduit près de 501 000 investisseurs. L’action était fixée à 19,90€. Au total, l’état a récolté près de 1,6 milliards d’euros de la part des particuliers. Une rentrée d’argent non négligeable mais qui peut s’avérer perdante sur le long terme selon Michel Dévoluy, économiste, professeur à l’université de Strasbourg: “Bien sur, l’état va sortir gagnant de cette privatisation sur le court terme puisqu’il va y avoir une rentrée importante d’argent suite à la vente de ces actions. Mais à long terme, la privatisation peut être dangereuse pour l’État”. Anciennement propriétaire de la société française de jeux à 72%, l’État a encaissé 93,6 millions d’euros de dividendes provenant de la FDJ. Mais après la privatisation, ses actions à hauteur de 20% lui rapporteront beaucoup moins même si les taxes sur les mises de jeu continueront d’être conséquentes (près de 3,5 milliards d’euros l’année dernière). 

Peu de risques pour les actionnaires 

Selon Michel Dévoluy, économiste, les actionnaires ont peu de chances de perdre de l’argent en achetant des actions de la FDJ. En effet, il considère que l’action a un risque minime de s’effondrer tout au moins à court terme : “ D’un point de vue purement financier, acheter des actions de la FDJ est plutôt une bonne chose. Je ne vois pas cette action s’effondrer dans les mois à venir ”. Et au vu des premiers résultats de l’action, on estime que Michel Dévoluy a vu juste.  En effet dès les premières heures, l’action a augmenté de 16% passant de 19,90€ à 22,74€ à 16h ce mercredi. Ces premières tendances sont plus que positives pour le demi million d’investisseurs. A noter que pour devenir actionnaire de la FDJ, les particuliers devaient dépenser au minimum 200€ ce qui équivalait à un peu plus de 10 actions.

La morale au-delà de l’argent

Au delà de l’aspect économique, investir dans la française des jeux comporte pour certaines personnes une question d’éthique. Pour Brigitte, une buraliste cannoise, cette privatisation n’est pas une bonne chose de ce point de vue : “ Je ne vois pas d’un bon oeil cette privatisation. L’addiction aux jeux concerne énormément de français. J’ai moi même vécu pendant des années avec une personne addicte au jeu. Avec cette privatisation, on fait la publicité des jeux d’argent”, s’inquiète t-elle. Même appréhension pour Michel Dévoluy : “ La privatisation de la Française des jeux est peut être intéressante économiquement mais on peut également aborder la question d’un point de vue moral et là je suis plus nuancé”. Des questions morales qui ne semblent pas être dans l’esprit de tous. Parmi les 501 000 investisseurs, Johan, carreleur, a acheté pour 200 euros d’actions à la Française Des Jeux. Il voit dans sa dépense uniquement un moyen de gagner de l’argent : “J’ai investi parce que je pense que dans un ou deux mois je pourrais revendre mes parts plus chères et donc me faire de l’argent. Pourquoi devrais-je penser à l’éthique alors que l’État se fait de l’argent sur les addicts au jeu ?”.

Une privatisation qui devrait donc s’avérer gagnante pour les actionnaires mais qui soulève plusieurs questions éthiques. Afin de savoir si l’État ressortira gagnant de cette mesure, il faudra par contre attendre encore plusieurs mois.

Antonin Blanc et Martin Bizeray