De nouvelles élections en Israël pour tenter de sortir de la crise politique

Les bureaux de vote sont ouverts depuis ce matin 7 heures (6 heures à Paris). Crédit photo : i24news

Dans un contexte tendu, les Israéliens sont appelés à voter pour les élections législatives.

Ce lundi 2 mars va-t-il mettre fin à l’impasse politique dans laquelle est plongé Israël depuis avril 2019 ? Cette question suspend le pays qui se cherche un gouvernement depuis bien longtemps, face à l’incapacité des forces en place à former une coalition au pouvoir. Sans majorité qui se dégage lors des votes, aucun gouvernement n’est installé à la tête du pays. Israël voit donc tous ses projets gelés. C’est la troisième fois en moins d’un an qu’ont lieu ces élections législatives, après avril et septembre 2019. Neuf partis sont en lice pour le scrutin, dont deux favoris : le Kakhol Lavan emmené par Benny Gantz et le Likoud avec en tête de liste l’actuel premier ministre Benyamin Netanyahu. Alors que les sondages prévoient de nouveaux résultats serrés, de nombreux facteurs pourraient influer sur le nom du candidat vainqueur.

Benyamin Netanyahu inculpé par la justice…

Un nouveau paramètre est à prendre en compte pour les Israéliens au moment de choisir leur bulletin de vote : les accusations concernant Benyamin Netanyahu. Le premier ministre en poste depuis 2009 est mis en examen pour corruption, malversations et abus de pouvoir. Il est soupçonné par la justice d’avoir accordé des faveurs gouvernementales au patron de la société Bezeq, en échange d’une couverture médiatique favorable par les médias du groupe. Inculpé, le chef du gouvernement verra son procès s’ouvrir le 17 mars. Si une majorité ne se dégage pas une nouvelle fois lors de ses élections, le premier ministre pourrait perdre gros. Les prochaines élections auraient probablement lieu durant son procès.

… Pendant que son ministre de la Défense quitte un plateau de télévision en pleine émission !

« Si c’est une embuscade, nous en avons fini maintenant ». C’est avec ses mots que Naftali Bennett, ministre de la défense, a quitté une interview télévisée de la Douzième Chaîne. Le 28 février dernier, invité de Rina Matzaliah, il fait face un graphique sur le nombre de roquettes tirées depuis la prise en main de son poste. Bennett conteste ce chiffre de trente-quatre roquettes, lui qui avait annoncé une baisse de 80 % de tirs. S’en suit une querelle verbale avec la journaliste que le ministre accuse de vouloir déstabiliser dans sa campagne pour les élections législatives ; il est en effet le chef de l’alliance des partis de droite nommée Yamina. C’est d’ailleurs afin de s’assurer le soutien de cette liste que Benyamin Netanyahou a confié ce ministère à Naftali Bennett en novembre dernier.

Un jeu des alliances omniprésent

Lors des deux premières élections, les écarts s’étaient révélés infimes entre Benyamin Netanyahou et Benny Gantz (en avril 2019, 26,46% pour le premier et 26,13% pour le second contre 25,10 et 25,95% en septembre 2019). Pour s’assurer le contrôle du gouvernement, les deux favoris comptent sur les alliances avec les autres candidats, dans une élection polarisée. Le premier ministre s’appuie sur les autres partis et coalitions de droite : les ultraorthodoxes du Shass, le parti du Judaïsme unifié de la Torah, le parti des orthodoxes d’Europe de l’est, et sur la liste de droite radicale, l’alliance Yamina. Benny Gantz est lui épaulé par les partis de gauche, réunis sous une seule bannière. Il compte aussi sur un partiel soutien de la « Liste Unie » des partis arabes. Arrivée troisième du dernier scrutin, elle peut compter sur la minorité arabe en Israël (20 % de la population). Plébiscitée par les Palestiniens, elle s’oppose au plan américain pour régler le conflit israélo-palestinien.

Selon les sondages, l’élection s’annonce une nouvelle fois très serrés entre le Kakhol Lavan et le Likoud. La différence du nombre de députés pourrait être inférieur à cinq. De quoi laisser Israël dans l’impasse politique qu’elle traverse actuellement.

Loïc Bessière