
Césars 2020 : Une colère générale du côté des féministes
Vendredi 28 Février 2020, les lauréats des 22 César 2020 sont dévoilés et le prix de la meilleure réalisation est attribué à Roman Polanski pour son film « J’accuse ». Cet homme accusé d’abus sexuels sur mineurs ravive la colère des féministes.

C’est en début de soirée que les prix sont remis. Quand le nom de Polanski retentit, ce sont une dizaine d’actrices et réalisatrices qui se lèvent et décident de quitter la salle : Adèle Haenel et Céline Sciamma en font partie. L’actrice Aïssa Maïga, quant à elle, explique dans une interview donnée au Monde qu’elle ne comprend pas un tel choix : « J’étais terrassée, effrayée, dégoûtée, dans mes tripes. J’ai pensé à toutes ces femmes qui voient cet homme plébiscité et je pense à toutes les autres, ces femmes victimes de viol et de violences sexuelles. » Une certaine incohérence règne depuis cette soirée des césars à savoir que : Swann Arlaud a été récompensé pour son film qui dénonce la pédophilie mais qu’ensuite il est attribué un prix à un homme accusé (« coupable ») de pédophilie. A la suite de ces nominations Florence Foresti déclare sur scène « Je suis courageuse d’être là ce soir » et semble vouloir briser la glace.
En revanche l’acteur français Lambert Wilson a jugé « minable » l’attitude de Florence Foresti. Il déplore notamment la façon dont a été traité Roman Polanski par la maîtresse de cérémonie. « Et en plus, qu’est-ce qu’on va retenir de la vie de ces gens par rapport à l’énormité du mythe de Polanski ? Qui sont ces gens ? Ils sont minuscules ? », Lambert Wilson sur France Info. Ces propos là ne font qu’attiser l’exaspération des militantes et victimes qui ne cesseront pas de se battre. En réaction à ces propos, la sœur de la journaliste Giulia Foïs les commente sur le plateau de « C à Vous » : « Ils sont complètement dépassés, il s’agit d’un crime » « quand on est violé on ne se demande pas quel métier exerce l’homme en question et puis s’il le fait bien » « un homme qui nous viole est un homme qui nous viole. » Cette année la quarante cinquième nuit des Césars aura provoqué une irritabilité conséquente.
« Notre colère est immense, notre détermination l’est plus encore »
Le collectif @noustoutes.org qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles évoque le terme de « César de la honte ». Selon lui, on donnerait de la légitimité à un criminel et on décrédibiliserait donc toutes ces femmes victimes de violences sexuelles : « Distinguer Polanski c’est cracher aux visages de toutes les victimes » « Violanski ». Les féministes reprochent à l’académie des césars d’entretenir la culture du viol qui est un crime. « Notre colère est immense, notre détermination l’est encore plus ». Ce combat que mènent les féministes depuis longtemps n’est pas près de prendre fin même avec tous ces évènements. La volonté de l’amélioration et de l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société est toujours d’actualité : une violence envers une femme peu importe sa nature, doit être punie. @noustoutes.org perpétue ce message avec des mots forts et encourageants « on vous croit, vous êtes courageuses, vous n’y êtes pour rien, la loi interdit ces violences ». Un message poignant qui ravive l’espoir des victimes et même des femmes en règle générale. Une marche est organisée ce dimanche 8 mars pour dénoncer cette culture du viol dans notre société « Un « cri de colère contre le César de la honte » résonnera.
Lisa Lorenzelli