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Coronavirus : la communication des clubs de football en difficulté
L’épidémie de coronavirus a entraîné l’annulation de toutes les compétitions footballistiques françaises et européennes. Une situation inédite qui complique le travail des responsables communication des clubs.

En deux jours, le monde du football a été mis à l’arrêt. Le 12 mars, la Fédération française de football annonçait la suspension de toutes les compétitions amateurs, suivie le lendemain par la Ligue de football professionnel pour les championnats de Ligue 1 et 2, épidémie de coronavirus oblige.
Au-delà de l’impact sportif, l’absence de matchs a d’autres conséquences. Parmi elles, la communication sur les réseaux sociaux. « Forcément, l’arrêt du championnat a tout chamboulé dans notre organisation », annonce Thomas Hernu, le responsable de la communication du club de Lyon Duchère, évoluant en National (3e division française). « On s’est rapidement demandé ce qu’on allait dire à notre communauté », explique-t-il. Conférences de presse d’avant-match, présentation des équipes, direct des matchs, statistiques… Toutes ces publications habituelles doivent maintenant être remplacées, et c’est là qu’il faut faire preuve d’imagination.
Le jeu vidéo comme solution…
Le 15 mars, Thomas Hernu a une idée : continuer le championnat sur le jeu de simulation Football Manager. « Je ne voulais pas tomber dans quelque chose de commun comme le PQ challenge [faire des jongles avec du papier toilette] », s’amuse-t-il.
Paul Ducassou, responsable de la communication du Red Star, club de Saint-Ouen évoluant en 3e division, prend alors l’initiative de créer un groupe sur Twitter rassemblant les comptes des 18 clubs engagés en national. Tous sont partants. Après avoir contacté SI Games, le studio ayant créé Football Manager, et Manager Online, un site communautaire d’entraide sur le jeu, le projet commence.
Très vite, l’objectif est fixé : « continuer le championnat comme s’il ne s’était jamais arrêté avec le classement général, celui des buteurs et des passeurs, et le calendrier », raconte Thomas Hernu. Dix-sept clubs seront représentés par un joueur, un membre de l’équipe technique ou de l’équipe administrative, et le dernier par un ancien administratif du club pour jouer en ligne. Puis les deux commentateurs vedettes du championnat National, Emmanuel Moine et Vincent Magniez, sont contactés. « Ils ont été d’une réactivité et d’un enthousiasme impressionnants », poursuit M. Hernu. Ainsi, après chaque journée de ce championnat en ligne qui a commencé le 23 mars dernier, le duo réalise un débrief en présence des « coachs virtuels » des clubs.
… temporaire, en attendant la reprise
Alors que le championnat eNational se termine le 10 avril, se pose maintenant la question de savoir si l’idée sera renouvelée pour la saison prochaine. « Il y aura certainement une réflexion qui va s’engager dans les jours à venir », confie le responsable de la communication de Lyon Duchère. « Il faudra prendre en compte l’implication et la notoriété que ça aura la saison prochaine. Quand le championnat réel reprendra, le eNational passera forcément au second plan ».
De plus, le eSport est loin d’intéresser tout le monde. Ce championnat virtuel n’est présent que sur Twitter et sur le site Manager Online, car l’audience présente sur les autres réseaux sociaux ne s’y intéresse pas. « On a constaté une baisse d’interaction sur Facebook et LinkedIn », remarque Thomas Hernu. A l’heure actuelle, le championnat National est le seul à avoir adopté cette idée. Du côté des championnats de Ligue 1 et de Ligue 2, c’est le silence radio.
Les sites de supporters durement impactés
Les clubs ne sont pas les seuls à subir l’interruption des championnats. Il y a aussi les sites de supporters. Ceux qui suivent et retransmettent l’actualité de leurs clubs favoris avec passion se retrouvent aujourd’hui dans une situation inédite. « On est passé de 15 à 5 publications par semaine » depuis le début du confinement, confie Maxime, gérant du Dijon Show, site de supporteurs du club Dijon football Côte d’Or. Souvent dépendants des informations du club et animés par la routine des matchs du week-end, ces sites d’information doivent eux aussi composer avec l’arrêt des compétitions.
Pour Elliott Bureau, co-fondateur de La Maison Jaune, site d’actualité du FC Nantes, c’est toute la page qui est à l’arrêt. Leur site, ouvert le 19 juillet 2019, compte à ce jour 335 publications. Depuis le début du confinement, seul un article est apparu sur le site. « La seule solution pour nous, c’est de republier des sujets de fond, qui ne sont plus d’actualité », confie-t-il. Alors que les clubs ne savent pas encore s’ils vont pouvoir terminer leur saison, ils vont devoir redoubler d’efforts pour garder contact avec leurs supporteurs.
Hugo Deniziot