Le premier billet de banque tunisien à l’effigie d’une femme
Le 27 mars 2020, la Tunisie met en circulation un billet de banque spécial avec la représentation d’une femme : Il s’agit de Tawhida Ben Cheikh, ancienne médecin, décédée en 2010 à l’âge de 101 ans.

FETHI BELAID/ AFP
C’est un billet de 10 dinars, c’est-à-dire environ trois euros, qui fait la nouveauté de la monnaie en Tunisie. C’est une grande première. Même si on peut y voir un rapprochement, ce billet est une simple coïncidence qui s’ajoute à cette crise sanitaire sans précédent du coronavirus. « Le choix de rendre hommage au médecin Tawhida Ben Cheikh avait été fait il y a un an », précise Abdelaziz Ben Saïd, l’un des hauts responsables de la Banque centrale de Tunisie. » Il ajoute que « c’est une façon de saluer le corps médical tunisien » qui, comme dans d’autres pays du monde, est aux premières loges dans cette lutte contre le covid-19.
Un symbole important surtout en ce moment
Née en 1909, obtient son baccalauréat en Tunisie et part faire ses études de médecine à Paris. Lorsqu’elle retourne à Tunis, c’est en tant que médecin généraliste qu’elle est connue. Plus tard elle s’orientera vers la pédiatrie et la gynécologie. Tawhida Ben Cheikh fait partie des acteurs principaux à l’origine du planning familial en Tunisie. Ambitieuse elle fut aussi vice-présidente du Croissant rouge tunisien, une association non gouvernementale, caritative et de secours qui se rapproche de la Croix Rouge en France. Elle décède en décembre 2010 à l’âge de 101 ans. Les Tunisiens verront à présent souvent son portrait, le billet de 10 dinars étant l’un des plus utilisés dans le pays. Au dos de ce nouveau billet mis en circulation récemment, on peut voir une illustration de poteries et de bijoux d’origine berbères, qui rendent hommage à la femme artisane. En dehors de la Tunisie, en banlieue parisienne, à Montreuil, la mairie, lui avait déjà rendu hommage en créant un centre de santé Tawhida-Ben Cheïkh, en mars 2011, seulement quatre mois après sa disparition.
Féministe engagée
Parallèlement, elle s’engage dans la lutte féministe et fait partit en 1937 de l’action du Club de la jeune fille tunisienne et de l’Union des femmes musulmanes. C’est au 42 de la rue Bab-Ménara que naît le combat de cette désormais centenaire, qui reste et restera un symbole pour beaucoup. C’est dans cette rue de Tunis que la première musulmane diplômée en médecine a fait de la santé de la femme une priorité. C’est également cette année-là qu’elle deviendra la première rédactrice en chef du premier magazine féminin tunisien édité en langue française « Leila ». Peu de temps après l’indépendance du pays, elle est à la tête des services gynécologiques et obstétriques de l’hôpital Charles Nicolle et Aziza Ottoman. Elle participe à la création de l’école des sages-femmes. Par ses combats sans faille, une force de caractère immense cette figure féminine a révolutionné certains modes de vie pour les rendre plus libres, plus faciles et surtout accessibles à toutes et à tous.
LISA LORENZELLI