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Climat : la moitié des plages de sable mondiales pourraient avoir disparues en 2100

Editorial. Et si les vacances à la plage ne devenaient bientôt plus qu’un vieux souvenir nostalgique pour l’humanité ? C’est le pronostic dystopique d’une étude publiée le 2 mars dans la revue scientifique Nature Climate Change. Du moins, d’après l’équipe de chercheurs européens qui en est à l’origine, la moitié des plages de sable du monde pourraient disparaître d’ici la fin du siècle.
Les scientifiques étaient dirigés par Michalis Vousdoukas, chercheur au Centre commun de recherche de la Commission européenne. Avec des images satellites, ils ont analysé l’évolution des littoraux de la planète entre 1984 et 2015. Une prévision des dynamiques à venir pour les côtes a été effectuée à partir des tendances historiques enregistrées.
Une situation dont l’Homme est en partie responsable
Première raison de cette menace des plages : l’érosion. Et, au-delà des causes naturelles telles que les tempêtes, la présence de l’Homme n’y est pas pour rien. Les aménagements côtiers envahissants comme les digues, les barrages ou encore les ports ne font qu’aggraver la situation. Autrement dit, plus les constructions humaines se rapprochent de la mer, plus la mer se rapproche des constructions humaines.
Une autre raison – et pas des moindres – de ce recul progressif des littoraux, c’est le réchauffement climatique. Et, avec lui, sa charmante petite sœur : l’élévation du niveau de la mer. A ce sujet, le dernier rapport du GIEC – le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – alerte d’une montée des océans comprise entre 59 centimètres et 1,10 mètre d’ici à la fin du siècle.
Des conséquences dramatiques en puissance
Une montée des eaux de quelques centimètres, et des kilomètres carrés de terre rayés de la carte. C’est la loi de la jungle, mais celle d’une jungle maritime. De nombreux pays sont menacés de voir leurs belles plages sableuses finir comme la mythique Atlantide. En première ligne, on a l’Australie, le Canada, le Chili et les Etats-Unis. Au total, 132 000 km de côte pourraient disparaître dans le pire des cas, 95 000 km dans le meilleur. A titre de comparaison, la France possède 3 427 km de côte.
Un drame : 60 % de la population mondiale réside à moins de 150 km du rivage selon l’Union international pour la conservation de la nature (UICN). Leur disparition aurait aussi un impact pour les activités touristiques, mais pas seulement. Le chercheur Michalis Vousdoukas a averti que « en dehors du tourisme, les plages de sable offrent souvent le premier mécanisme de protection contre les tempêtes et des inondations ».
Des solutions… mais peu d’action
La bonne nouvelle, c’est que, en sachant tout ça, on sait aussi comment agir. La réduction des émissions de gaz à effet de serre permettrait d’éviter près de la moitié du recul du trait de côte. Sauf que la mauvaise nouvelle, c’est qu’on n’agit pas. En France, malgré la loi Littoral promulguée en 1986, la perte d’une surface de 30 km2 au niveau du littoral en cinquante ans est estimée. L’équivalent de la superficie de La Rochelle ou de 4 200 terrains de football.
Concernant les émissions de gaz à effet de serre, la principale source de problèmes n’est pas européenne. Une étude de l’ONG argentine Fundacion Ecologica Universal est édifiante. Sur les 197 pays signataires de l’Accord de Paris de 2015 sur le climat, 127 ne le respectent pas. Le président des Etats-Unis Donald Trump en a d’ailleurs retiré son pays, dont les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse cette année. Une première depuis 2005. Cerise sur le gâteau : il est prévu que les émissions de dioxyde de carbone de la Chine et de l’Inde augmentent pendant encore dix ans.

« Times for action ». C’était le slogan de la COP 25 accueilli par Madrid en décembre. Pour l’heure, les COP21, 22, 23, 24, 25, et bientôt 26 en novembre prochain à Glasgow ressemblent davantage à des réunions d’alcooliques anonymes qui n’éloignent pas d’un cancer du foie certain qu’à une véritable conférence tournée vers la diminution du réchauffement climatique.
Pendant que les capitalistes américains et chinois s’enrichissent sur le transat de leur plage privée, les plages du bas peuple sont peu à peu englouties par la montée des eaux. Face à un Jugement dernier climatique qui se rapproche peu à peu, peut-être que prêcher en chœur le slogan de la COP 25 « Times for action » finira par éveiller le monde.
Adrien Pain