Une application mobile pour lutter contre le covid-19

Depuis plusieurs semaines, les chercheurs européens travaillent sur une application mobile de traçage numérique pour lutter contre le covid-19.

Le 8 avril dernier, le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O a dévoilé dans un entretien au Monde les premières idées du projet d’application mobile pour gérer et suivre l’évolution de la crise du Covid-19 en France. Stop-Covid, c’est le nom de cette future application, sur laquelle travaille principalement l’INRIA (Institut national de recherche en technologies du numérique).

La France n’est pas la seule à envisager un possible traçage numérique de la population pour lutter contre l’épidémie, ce projet est rattaché à un programme de recherche européen mobilisant 130 chercheurs. L’inspiration nous vient de Singapour qui a lancé une application semblable le 20 mars.

Quels objectifs pour cette application ?  

Cette application mobile gratuite est destinée à retracer les interactions sociales entres les individus testés positifs au covid-19. Grâce à elle, il sera possible d’observer les chaînes de transmission du virus afin que toute personne ayant été exposée à un porteur du virus le sache et puisse se faire dépister ou aille se confiner. Pour cela, il faudra que les deux personnes qui se croisent dans la rue aient l’application installée et le Bluetooth activé. Les téléphones vont enregistrer les informations de l’un et l’autre pour que si l’une des deux personnes a été testée positive au virus, l’autre en soit informée immédiatement. L’efficacité de l’application dépend de son taux d’utilisation or, nous savons que près de 80% des Français ont un smartphone aujourd’hui. Pour Gilles Babinet, conseiller sur les enjeux numériques, interrogé par l’Usine Nouvelle, « Même avec un taux d’utilisation de 20 ou 30%, cet outil sauverait des vies ».

Quels sont les risques autour de ce projet ?

Cette application fait néanmoins l’objet de controverses sur la fuite possible de données personnelles. Pour Stop-Covid, le gouvernement assure qu’il n’y aura aucun moyen d’avoir accès aux données personnelles des utilisateurs.  « Personne ne pourra retracer qui a été infecté ni qui a infecté qui »a rappelé Cédric O, sur France Inter. Même pour les autorités, il sera impossible de connaître l’identité de personnes infectés ou constituer une liste de ces personnes uniquement grâce à l’application. Si les données personnelles sont au centre du débat, l’application devra tout de même être inatteignable par les cybercriminels puisque pour contacter les gens, l’application doit avoir un point central de collecte de données. En voulant la lancer trop rapidement, les développeurs pourraient y laisser des failles de sécurité. Concernant les conséquences éthiques et sociales que pourrait engendrer une telle application, « ce sera un outil déployé sur la base du volontariat » a précisé le président de la République, Emmanuel Macron, dans son allocution du 13 avril. Il faut éviter toute « pression sociale » concernant les utilisateurs et les non-utilisateurs, ni l’apparition de discriminations concernant les personnes malades.

A Singapour, l’application lancée le 20 mars a été téléchargée 1 million de fois en une dizaine de jours. Pourtant, la ville-Etat a été obligée de prendre de nouvelles mesures, dont le confinement de sa population le 7 avril. En Europe, la technologie pourrait être une aide non négligeable mais dont l’utilité reste limitée.

Paul Charoy