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Le Portugal, l’ovni européen face au coronavirus
Pendant que le monde entier, et particulièrement l’Europe, se trouvent dépassés par la pandémie, le Portugal semble, lui, épargné. Miracle ou judicieuse stratégie ?
Le Portugal, pays de 10 millions d’habitants, comptait 11 730 personnes contaminées le 6 avril dernier. Ainsi le pays déplorait « seulement » 311 décès, soit en proportion 12 fois moins que son voisin ibérique. Certains parlent de miracle, mais rien de sorcier ne se cache derrière « la bonne santé » du Portugal. Deux enjeux ont principalement joué : la géographie et l’économie.
Géographiquement le Portugal se situe à l’extrémité ouest de l’Europe, il a eu le temps de voir venir et surtout d’anticiper. De plus le pays n’est voisin que de l’Espagne, la question de la fermeture des frontières a vite été réglée.
Economiquement la chance du Portugal a été que la pandémie se soit déclenchée en dehors de la période touristique du pays.
Mais au-delà de ces facteurs externes, c’est bien le comportement des citoyens et du gouvernement qui a joué. Le confinement total a été annoncé le 19 mars, soit trois jours après la France alors qu’à ce moment là le Portugal comptait ses morts sur ses doigts. Il faut dire qu’avant même que l’état d’urgence ne soit déclaré, les écoles et les bars ont fermé. Bon nombre de Portugais se sont enfermés chez eux, suivant l’exemple de leur président, confiné depuis le 8 mars, suite à la visite d’une école où un cas de COVID-19 fut reconnu. Et si aujourd’hui, le pays est confiné, aucune attestation ou sanction n’ont été mises en place. Selon Antonio Costa, le 1er ministre, « les Portugais sont si disciplinés que la répression est inutile ».
La force du pays est aussi sa coalition de gauche établie depuis 2015, qui lui apporte stabilité et unité, des qualités primordiales en temps de crise. Le Portugal a notamment fait moins de coupes dans le budget de la santé publique que son voisin espagnol, ce qui lui permet aujourd’hui de prendre des mesures généreuses.
Le 28 mars dernier, parmi de nombreuses dispositions sociales et économiques, le gouvernement portugais a notamment pris la décision de régulariser la situation de tous les immigrés résidants sur le territoire. Tous ont ainsi accès aux soins de santé et aux aides financières nécessaires pour faire face au virus. Mais au-delà d’une preuve de générosité c’est une décision de salubrité publique : tout le monde protège tout le monde.
Le Portugal démontre aujourd’hui à tous ses voisins européens qu’une stratégie judicieuse compense des moyens limités.
Ines Alves-Chaineaud