
Des étudiants ouvrent une épicerie solidaire au sein d’une résidence universitaire
La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé débloquer « 10 millions d’euros supplémentaires » pour le financement des aides spécifiques d’urgence attribuées par les Centres régionaux des œuvres universitaires (CROUS), afin « d’assurer qu’aucun étudiant dans le besoin ne soit laissé de côté ».
À la résidence universitaire Jean Médecin de Nice s’est déroulé une distribution de paniers repas. Une action causant un sentiment d’incompréhension auprès de certains étudiants, qui eux n’ont pas bénéficié : « Certaines personnes ont été mis au courant de la distribution de ces paniers-repas par mail ou par téléphone. D’autres personnes ont contacté de leurs côtés les services sociaux du Crous mais à aucun moment la résidence n’a prévenu tous les étudiants de cette aide » déclare un étudiant via un post sur la page Facebook de la résidence.

Un mouvement de colère qui a amené à la mise en place de l’épicerie solidaire. Celle-ci s’est entamée par une collecte de denrées alimentaires : “Avec d’autres personnes de la résidence nous avons pensé à organiser une collecte de nourriture pour aider les étudiants dans le besoin et palier au manquement du Crous dans sa mission d’intérêt général”.

« On a vu que dans les 450 étudiants qui sont restés confinés à la résidence, il y a environ 75 % qui sont en grande précarité » déclare Kamel Kadhi, membre de l’épicerie solidaire. Pour lutter contre cette situation, 12 étudiants ont mis en place l’épicerie solidaire gratuite ouverte à destination des résidents. Dès le premier jour, les étudiants les plus aisés ont fait des dons alimentaires, puis les associations telles que le FMS (Formons un Monde Solidaire), le secours populaire, la banque alimentaire, les restos du cœur et autres. Des dons réguliers de part et d’autre.
Une initiative que le Crous n’a pas hésité à soutenir : « Avec l’appui du Crous on a eu les locaux et des étagères pour le stock. Une fois par semaine, ils nous livrent des produits alimentaires et d’hygiène ».
En effet, le ministère de l’Enseignement supérieur avait déclaré dans un communiqué que pour soutenir financièrement les étudiants, la contribution de vie étudiante et de campus (CVEC) serait « prioritairement affectée à la satisfaction des besoins alimentaires […] via des cartes d’achat alimentaires ou le financement d’épiceries sociales et solidaires ».
En moyenne, 30 étudiants se rendent à l’épicerie par jour. Le groupe a entrepris de mettre, sur la page Facebook de la résidence, un numéro de contact afin de livrer des colis directement dans la chambre des étudiants : « Il y a des personnes qui n’osent pas venir car ils ont honte de montrer qu’ils sont en difficulté ». Ces étudiants doivent seulement indiquer les aliments, fournitures qu’ils aimeraient avoir et l’heure à laquelle ils souhaitent être livrés. “Je toque, dépose le colis à leur porte puis je pars. À moins qu’ils aient envie de parler” déclare un bénévole de l’épicerie.
« Certes le confinement a accentué la précarité des étudiants, mais cela n’empêche que tout au long de l’année les étudiants ont des faibles revenus. Ce qui les amène à gérer l’argent de près. Certains ont des dettes de loyer énormes. Soit ils remboursent soit ils mangent. » L’objectif pour l’équipe de bénévole est de maintenir l’épicerie même après le confinement : « Je forme une équipe solidaire qui saura prendre la relève », affirme Bilel Gueddouj, président du comité de la résidence.