
Être ou ne pas être intermittent du spectacle à l’heure de la Covid-19
Alors que le secteur de la culture est particulièrement touché par le coronavirus, les artistes tentent d’obtenir ou de renouveler leur statut d’intermittent

Des spectacles à publics réduits, des festivals annulés, il semblerait que la culture ne soit pas au gout de la Covid-19. Selon Maïlis, comédienne Montpelliéraine, c’est parce que « la culture n’est pas considérée comme une nécessité alors que pour beaucoup de personnes, elle est très importante ». Certains essayent d’en vivre et pour y arriver, ils demandent le statut d’intermittent. C’est un statut précaire qui permet à ses bénéficiaires d’obtenir une allocation fixe alors qu’ils alternent les périodes d’emploi et de chômage. Devenir intermittent est déjà « compliqué » explique Maïlis. « Il faut cumuler 507 heures en 1 an alors qu’il est très compliqué dans les premiers temps de se payer à chaque date. Il y a des scénarios aussi où les compagnies perdent de l’argent comme pour le festival d’Avignon où les créneaux pour les salles sont très chers. » La comédienne est devenue intermittente en août dernier après avoir travaillé à l’obtention du statut pendant 3 ans, elle explique que c’est « relativement peu de temps : dans mon cercle d’amis, certains ne le sont toujours pas alors qu’ils essaient depuis plus longtemps. » La jeune femme de 26 ans fait partie des créateurs de la compagnie « Si et seulement La » qui fait des représentations de spectacles pour enfants et adultes dans la région de Montpellier.
Si la crise sanitaire a porté préjudice à la culture, elle n’a pas rendu l’obtention de l’intermittence beaucoup plus compliquée que ce qu’elle ne l’est déjà. « Des choses ont été mises en place comme l’activité partielle, ce qui faisait moins de dépenses pour l’employeur et donc on a pu se rémunérer » explique la comédienne. Pour les artistes et techniciens déjà intermittents, le dispositif de « l’année blanche » a été mis en place. Afin que ces derniers puissent renouveler leurs statuts, ceux ayant la date de fin de leurs droits aux allocations pendant la période de fermeture des théâtres ont eu droit à une période de sursis. Ils ont plus de temps pour réaliser les heures de travail nécessaires au renouvellement du statut.
Ces dispositifs ne rattrapent, néanmoins, pas l’absence d’évènement culturels : « les théâtres ont mis du temps à ré-ouvrir donc il y a eu quand même plus de négatif que de positif », dit Maïlis. « Avec la covid les gens ont peur d’aller au théâtre alors que ce n’est pas plus dangereux que d’aller faire des courses : ils sont placés en tenant compte des distances de sécurité, masqués, et promis, on évite de postillonner ! » plaisante-t-elle.
Justine Segui