novembre 05

Au Sahara Occidental, un conflit ensablé

Les peuples sahraouis et marocains possèdent tous deux un fort sentiment d’identité nationale. Image de gauche tirée de https://information.tv5monde.com/afrique/resolution-de-l-onu-sur-le-sahara-occidental-l-algerie-et-le-maroc-satisfaits-167133. Montage photo : Théo Sivazlian. Image de droite tirée de https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/13/manifestations-maroc/.

Le mercredi 18 novembre 2020 marque le jour du soixante-cinquième anniversaire de l’indépendance du Maroc. Mais alors que l’on pourrait croire le pays comme étant l’un des rares du Maghreb à ne pas avoir été secoué par une grave crise politique ou sociale – cf Printemps Arabe de 2011 qui n’a pas connu la même portée ici qu’ailleurs -, le Maroc demeure agité par un conflit qui dure depuis 1975 : celui du Sahara Occidental. Et alors que le conseil de sécurité de l’ONU a décidé, vendredi, de proroger pour un an le mandat d’une mission qui doit permettre l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, attardons nous sur les acteurs et les enjeux de ce conflit.

Genèse d’un antagonisme vieux de… 45 ans

Il faut revenir à l’histoire coloniale pour retracer l’histoire de ce très vieux litige. Au XXe siècle, la France et l’Espagne se partagent alors le Maroc. Le régime de Franco occupe au sud, dans une bande de terre de 266.000 km2 vaste comme le Royaume-Uni, un territoire nommé « Sahara Espagnol ». Mais lorsque Franco vacille, agonise, l’Espagne se décide à quitter les lieux au milieu des années 1970 : ne se préoccupant guère du sort de cette région faite de sable et de dunes. Dès lors, trois acteurs revendiquent le désormais « Sahara Occidental » : la Mauritanie (partie méridionale), le Maroc (au nom de vieilles allégeances de tribus nomades aux sultans) et les sahraouis, habitants du pays (représentés par le Front Polisario, mouvement politique et armé). 45 ans plus tard, alors qu’une guerre (1975-1991) a causé la mort de plus de 16 000 personnes, la situation n’a fait que s’enliser ; aucune solution politique juste, durable et acceptable pour les deux parties n’ayant été trouvée.

Opposition de style

Depuis, chaque camp a adopté une stratégie différente pour revendiquer l’appartenance du Sahara Occidental. Le Maroc, qui contrôle actuellement 80% du territoire, mène une politique de « diplomatie des consulats » : il s’agit, pour le royaume chérifien, de donner une légalité à leur présence. 15 consulats de pays africains expriment ainsi « d’une manière claire leur reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur cette région », selon Nasser Bourita, ministre des affaires étrangères du pays. Le Front Polisario, lui, revendique le contrôle des 20% du territoire restants : il plaide toujours pour un référendum d’autodétermination qui pourrait conduire à l’indépendance. L’issue du conflit reste, elle, très hypothétique : voilà plus d’un quart de siècle que chaque partie accuse l’autre de bloquer le processus et que rien n’avance…

Théo Sivazlian.