
Usagers de drogues : la santé c’est aussi laisser consommer
La politique de santé sur la réduction des risques agit avec et auprès des usagers de drogues pour lutter contre les risques liés à leur consommation : risque de transmission de maladies infectieuses, risques sociaux, et psychologiques.

Slogan de communication, de l’association « Aides », à l’égard des préjugés sur la réduction des risques, “petite piqure de rappel : nous fournissons des toxicomanes et nous sommes fiers”
Originaire de grande Bretagne, la politique de réduction des risques de santé a débuté dans les années 1980. Cette politique, non punitive, mène des actions avec et auprès des usagers de substances psychoactives, appelées plus couramment drogues. Ainsi, considère-t-elle l’addiction comme une maladie chronique et se dit “accompagner” l’usager. Il s’agit en effet de suivre le chemin que choisit le consommateur, avec empathie et sans porter de jugement. Les professionnels de la santé restent près du consommateur, sans nier le caractère illicite de l’usage de drogues. En France, l’usage de stupéfiants est interdit par l’article L3421 du code de la santé publique : “L’usage illicite de l’une des substances ou plantes classées comme stupéfiants est puni d’un an d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende. Cette interdiction concerne aussi bien l’usage public que l’usage privé et elle ne fait aucune différence entre les drogues”. Cependant la loi du 26 janvier permet d’avoir une approche pragmatique de la situation en France, où la consommation de drogue, même si elle est illicite, existe. Partant de ce postulat, la loi autorise les professionnels de la santé à mener des actions auprès des consommateurs.
Aujourd’hui plusieurs actions sont menées pour lutter contre le SIDA, les hépatites ou encore les conséquences psychosociales liées à l’usage de drogues. Tout d’abord, il existe le programme d’échanges de seringues qui permet d’échanger ou de récupérer des seringues dans des distributeurs automatiques. Ces distributeurs sont placés dans des lieux dédiés à la réduction des risques appelés Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction de risques pour Usagers de Drogues (CAARUD) et Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA). Ces lieux donnent également l’accès aux produits de substitution pour permettre aux usagers de mieux maîtriser leur consommation de drogue. Ces produits sont des médicaments prescrits par un médecin, à l’attention des personnes dépendantes aux opiacés, tel que l’héroïne par exemple. Sa consommation se faisant par voie veineuse, elle accroît en effet le risque de contamination par maladies infectieuses.
Cette politique de réduction des risques de santé a permis la création de deux salles de consommation à moindre risque. La première a ouvert dans le 10ème arrondissement de Paris, la seconde à Strasbourg, en décembre 2016. Ces salles sont des espaces où des usagers de drogues, exclusivement majeurs et le plus souvent en rupture avec le système de santé, peuvent consommer leurs substances. Dans ces lieux supervisés par du personnel de santé, les conditions d’hygiène sont adaptées à la consommation et le matériel fourni est stérile. Leur rôle étant d’éviter les surdoses mortelles et les infections comme le VIH et l’hépatite C. En effet, en France 6 200 personnes ont découvert leur séropositivité en 2018, et environ 3 000 et 5 000 nouveaux cas d’hépatite C se déclarent chaque année. (Source : AIDES)