
La précarité menstruelle : une histoire ancienne pour l’Ecosse et un challenge pour la France
En Ecosse l’accès aux produits d’hygiène menstruelle est devenu totalement gratuit pour les femmes qui en ont besoin. En France, des mesures gouvernementales sont mises en place pour tenter de réduire la précarité menstruelle.

C’est une avancée sociale majeure qui a été adoptée, en Ecosse, en faveur de l’accès aux produits d’hygiène menstruelle. Mardi 24 novembre les 121 membres du parlement autonome d’Ecosse ont approuvé à l’unanimité le texte proposé. À cette échelle, c’est une première dans le monde. Le texte, voté en première lecture, accorde aux femmes écossaises l’accès totalement gratuit aux protections périodiques. Ainsi, tampons et serviettes hygiéniques pourront être mis à disposition dans des lieux tels que les pharmacies, les clubs jeunesse et centres sociaux. C’est Monica Lennon, la députée travailliste écossaise, qui est à l’origine du projet. Le texte qui avait déjà fait parler de lui le 26 février dernier lors de sa première proposition avait déjà été validé à une abstention près.
« Un jour de fierté pour l’Ecosse »
« C’est un jour de fierté pour l’Ecosse et un signal au monde qu’il est possible de mettre en place un accès universel gratuit aux protections périodiques », a alors déclaré Monica Lennon après le résultat du vote. La première ministre Nicola Sturgeon a elle twitté : « C’est une fierté d’avoir voté pour cette loi révolutionnaire, qui fait de l’Ecosse le premier pays au monde à fournir des protections périodiques gratuites à toutes celles qui en ont le besoin ». Le coût de la mesure est estimé à 9,7 millions de livres, soit environ 11 millions d’euros par an. En 2018, l’écosse été devenu le premier pays à distribuer gratuitement des protections périodiques dans les écoles et les universités. Pour Monica Lennon, « il s’agit de produits de base, et pas une seule femme en Ecosse ne devrait avoir à vivre sans protection périodiques ». Selon l’ONG Plan International, au Royaume-Unis, 10 % des femmes ont déjà été dans l’impossibilité d’acheter des produits hygiéniques.
1 700 000 Françaises en situation de précarité menstruelle
La France, afin de lutter contre la précarité menstruelle, expérimente depuis septembre la distribution gratuite de protections hygiéniques dans plusieurs collèges, lycées, universités, épiceries sociales, accueils de jour, foyers, centres d’hébergement et dans des établissements d’incarcération. Des maraudes ont également lieu auprès de femmes en situation de précarité. Un million d’euros sera utilisé cette année pour ces mesures. Il y a un an l’étude de l’institut français d’opinion publique pour Dons Solidaires, estimait à 1 700 000 le nombre de femmes victimes d’une précarité menstruelle ou manquant de produits d’hygiène intime. La précarité menstruelle est définie comme la difficulté ou le manque d’accès des personnes réglées aux protections hygiéniques par pauvreté. Le coût moyen d’un cycle menstruel, en France, est estimé à 10 euros par mois. En conséquent une femme dépenserait donc près de 5 000 euros au cours de sa vie pour s’acheter des tampons ou serviettes hygiéniques. Mais si on ajoute le prix des médicaments antidouleurs, des sous-vêtements pour remplacer ceux tachés, des bouillottes… on peut aller jusque 25 000 euros selon différentes sources. Mais ces achats sont une nécessité car le manque d’accès à ces produits peut provoquer de graves troubles physiques : démangeaisons, infections, syndrome du choc toxique pouvant occasionner la mort.
Des initiatives gouvernementales
En plus de ces nouvelles actions, le gouvernement français a attribué la somme de 60 000 euros à l’association caritative Règles Élémentaires « pour soutenir les collectes et la distribution de produits d’hygiène, sensibiliser, informer et former les intervenants sociaux et bénévoles et intervenir auprès des femmes en situation de précarité ». Lors d’un communiqué pour le Huffpost Marlène Schiappa, Brune Poirson, Christelle Dubos et Agnès Pannier-Runacher, quatre femmes politiques de La République En Marche avaient déclaré : « Le gouvernement veut permettre à toutes les femmes d’avoir accès à des protections hygiéniques (…) il n’est pas acceptable que des femmes en situation de précarité arbitrent entre un paquet de pâtes et des protections, il n’est pas acceptable que des jeunes filles fassent mine d’avoir oublié des serviettes chez elle pour s’en procurer ailleurs ».
La France est encore loin de la gratuité pour toutes, mais petit à petit, les tabous s’effacent et de nombreuses associations aident les femmes à ne plus finir dans le rouge.
Mélie Lavaud