
Chanter Noël : une tradition qui perdure pour les artistes
Il y a 60 ans, Frank Sinatra sortait son fameux titre « Let it Snow ». Écrit par Sammy Sahn et composé par Jule Styne, ce morceau iconique a d’abord été interprété par Vaughn Monroe qui en fait un hit populaire, classé numéro 1 au Billboard. Dans le monde anglo-saxon, sortir un album de Noël est presque un rite de passage pour les musiciens populaires : de Elvis Presley à Mariah Carey et de Justin Bieber aux Beach Boys, en passant par Wham!.
C’est avant tout, une tradition américaine, un recueil de chants censés réconforter pendant la Seconde Guerre mondiale. La référence de cette époque est le chanteur Bing Crosby avec son célèbre titre « White Christmas » qui a été vendu à plus de 50 millions d’exemplaires depuis sa sortie en 1942. Si l’album de Noël populaire vient des États Unies, les chants de Noël ont une histoire bien plus ancienne. En Angleterre, les « Christmas Carols » sont devenus traditionnels durant l’ère Victorienne, à l’image de We Wish You a Merry Christmas, Deck the Halls ou Silent Night.
La plupart des albums de Noël reprennent les mêmes chants connus chaque année dans des versions différentes. Peu de musiciens populaires arrivent à créer des chants de Noël qui deviendront des classiques et qui seront repris même après. Certains y sont tout de même parvenus comme le groupe Wham! avec l’hymne « Last Christmas », sorti en 1985, et plus tard en 1994, Mariah Carey. Selon Pete Watterman, producteur et compositeur anglais interrogé par la BBC, pour enregistrer une musique de Noël réussie, « le secret c’est l’artiste, toujours, il faut avoir un artiste de grande envergure, il est très inhabituel que quelqu’un que personne ne connaît devienne numéro 1 à Noël. »
Si la coutume perdure, les raisons qui poussent un artiste à produire un album de Noël peuvent être économiques. Aux États-Unis, les auditeurs ne s’en lassent pas et des radios musicales en font leur programmation en cette période de l’année. « Il n’existe aucune autre stratégie de programmation, et ce, à travers toute l’histoire de la radio, qui permette d’augmenter systématiquement les audiences comme le fait la musique de Noël » a déclaré Darren Davis, vice-président de Clear Channel, qui détient quelque 650 stations de radio, au site Billboard. En ce début de mois de décembre, des tubes comme « All I Want For Christmas is You » de Mariah Carey ou « Rockin’ Around the Christmas Tree » de Brenda Lee figurent en top du classement sur le site américain.

Dans le monde anglo-saxon, les chants de Noël sont le must-have de la saison des fêtes. La plupart d’entre eux sont joyeux, sauf peut-être le « Blue Christmas » d’Elvis Presley. Ce sont, pour beaucoup des chants d’amour, qui invitent à partager, à profiter de la saison. Bien loin de l’aspect économique et commerciale, ces chansons reflètent régulièrement les valeurs derrière les fêtes de Noël et beaucoup sont des chants issus de la tradition chrétienne.
Dans cet esprit de Noël : la chanson « Do They Know It’s Christmas » du collectif Band Aid, fondé en 1984 pour collecter des fonds contre la famine en Éthiopie et composé des artistes populaires de l’époque au Royaume-Uni, connait un large succès partout dans le monde. Parmi les interprètes, on retrouve Sting, Bono, George Michael ou encore Paul Young. Le titre a soulevé 8 millions de livres sterling pour l’Éthiopie dans les 12 mois suivants sa sortie. Le collectif a réenregistré la chanson 3 trois fois : en 1989, 2004 et 2014. Les versions de 1989 et 2004 ont également permis de lutter contre la famine, tandis que la version de 2014 a servi à collecter des fonds pour la crise d’Ébola en Afrique de l’Ouest.
En France également, les musiques de Noël sont très écoutées, la plupart des musiques connues dans le monde anglo-saxon ont leurs équivalents en français. Certains artistes produisent aussi des albums de Noël, à l’image de l’album « Noël ! Noël !! Noël !!! » de Michel Legrand en collaboration avec des artistes dont Cœur de Pirate, -M- ou Renan Luce. Cependant, l’engouement reste moins présent que dans d’autres pays dans lesquels les artistes sont presque obligés de passer par la case « disque de Noël. »
Justine Segui