décembre 30

Le « flux instinctif libre », les règles sans protections hygiéniques

« Écouter son corps » de la même manière qu’on écoute une envie d’aller aux toilettes, la pratique de la rétention des règles, appelée le « flux instinctif libre » consiste à ne pas utiliser de protections hygiéniques mais à contrôler l’écoulement du sang menstruel pendant ses règles, pour l’évacuer aux toilettes.

Dans un article publié en 2012 sur le site le chou brave ( à retrouver sur: http://lechoubrave.fr/wp-content/uploads/2013/05/femmes-libres-et-sans-couches.pdf), l’auteure Léna Abi Chaker explique le sujet tabou que sont les règles et parle du mouvement du « flux instinctif libre ». Né aux États Unis, cette pratique est arrivée en France en 2015 via le partage d’expériences sur les réseaux sociaux.

Selon le docteur Teddy Linet, interviewé par Le Figaro, la rétention de l’écoulement est possible grâce à des « espaces [dans le vagin] qui peuvent faire réservoir, au moins temporairement. En fonction de la position du corps, il est possible de parvenir à ne pas vider ces espaces ». Au moment de vider son sang aux toilettes, il ne s’agit pas de forcer et pousser vers le bas pour libérer le sang plus vite mais « d’être attentive au moment où l’utérus le propose », précise Marjorie Cambier, psychologue clinicienne et sexothérapeute. Mettre en pratique la méthode du flux instinctif libre nécessite de l’entrainement. En moyenne quatre à cinq cycles menstruels sont nécessaires avant de la maitriser. C’est pourquoi lorsqu’on commence, il est préférable d’être dans un environnement dit sécurisant, comme la maison, et à proximité des toilettes. 

Marion Valadier, pratiquante de la rétention de sang depuis 4 ans, pense que « par manque de connaissances, nous n’apprenons pas à retenir notre sang. Le flux instinctif devrait être enseigné et communiqué dès le plus jeune âge, comme l’urine ». Les premières questions qu’on lui pose sont : est-ce que réellement elle retient son sang ou est-ce qu’elle se contente d’aller aux toilettes quand le sang coule. Pour Marion Valadier c’est sûrement un mélange des deux. « À présent, à chaque fois que j’ai mes règles, je ne m’en rends compte que parce que je vais aux toilettes faire pipi. Et à chaque fois, à mon grand étonnement et émerveillement, je libère une grande quantité de sang, en général sans avoir eu de perte côté culotte » confie-t-elle. 

Le personnel de santé reste mitigé sur ce sujet. Certains font preuve de méfiance face à cette méthode et le danger potentiel qui pourrait survenir. En effet, le sang qui reste bloqué dans le vagin n’est pas stérile, il pourrait donc entraîner des infections. D’autres, comme la gynécologue Delphine Hundry, interviewée par L’Obs avec Rue89, estime que la méthode ne présente aucun risque médical. Néanmoins, « garder son sang dans le vagin, c’est moins hygiénique que de porter un tampon » selon elle. 

Crédit photo: The radical notion