décembre 31

La Trilogie McCartney : 50 ans de renouveau

Paul McCartney au travail dans son studio du Sussex, pendant le premier confinement, pour son nouveau projet, McCartney III (Crédit : D.R)

J.R.R Tolkien n’est pas le seul à avoir sa trilogie… Paul McCartney aussi ! L’ancien membre des Beatles a sorti un nouvel album, le 18 décembre dernier, McCartney III, qui vient conclure une trilogie particulière, débutée il y a 50 ans. 

« Un bon moyen de passer le confinement… » Pendant que certains ont profité du premier confinement pour augmenter leur connaissance du catalogue Netflix ou ont contribué à réduire un peu la pile des livres non lus sur les étagères de leur bibliothèque, certains en ont profité pour créer. C’est le cas d’un certain Paul McCartney, qui du haut de ses 78 ans, a concocté un nouvel album, nommé McCartney III. Un nom qui renvoie directement aux deux premiers opus de cette trilogie musicale, symbole de renouveau artistique et de production minimaliste pour le compositeur vivant le plus célèbre. 

Premier confinement artistique et changement de cap

Peu après la dissolution des Beatles, enregistrement du premier album solo dans sa ferme écossaise (Crédit : Linda McCartney)

Il faut dire que Paul McCartney s’y connaît en matière de confinement. 

1970 : le monde est sous le choc. Le magazine The Daily Mirror titre sur sa une du 10 avril : « Paul quitte les Beatles ». Une surprise pour tout le monde, sauf pour les Fab Four eux-mêmes, déjà séparés depuis plusieurs mois et le départ de John Lennon, un 20 septembre 1969. C’est d’ailleurs peu après cette date que McCartney se retire de Londres. Direction sa ferme écossaise de High Park, au milieu de nulle part, avec femme et enfants. C’est le premier confinement de Macca, qui va d’abord sombrer dans la dépression, avant de se reprendre en main et d’enregistrer de nouvelles chansons pour son premier album solo, sobrement intitulé McCartney. Tout cela pendant que les Beatles sont officiellement toujours un groupe en activité.

La particularité de cet album étant qu’il est réalisé entièrement par lui-même, aidé seulement de sa femme, Linda, pour quelques choeurs et pour le soutien psychologique. Un soutien récompensé par la sublime ballade « Maybe I’m Amazed », un des titres les plus iconiques de la carrière de l’ex-Beatle.

Le disque sera accueilli assez froidement par une critique déconcertée par la nouvelle orientation moins sophistiquée de sa musique. Une déception qui ne va jamais se détacher de ses prochains projets, qu’ils soient réalisés sous son nom ou sous celui de son nouveau groupe dès 1971, Wings. 

Deuxième confinement artistique et détachement

Enregistrement de McCartney II, peu après la dissolution des Wings, déjà dans sa maison du Sussex (Crédit : Linda McCartney)

1980 : Paul McCartney n’en a maintenant que faire de ce que l’on pense de lui. Il se sépare de Wings et tente de retrouver à nouveau une totale liberté. Il veut expérimenter, bidouiller, faire ce qu’il lui plaît. Quoi de mieux que ce contexte pour donner une suite à son premier opus ? 

Il s’enferme à nouveau seul dans sa maison du Sussex et explore une nouvelle fois des horizons musicaux innovants pour l’époque, avec notamment des titres purement électroniques, comme « Temporary Secretary » ou « Frozen Jap ». L’album est à nouveau une déception critique, certes, mais aussi commerciale, fait plus que rare dans sa discographie. Le public étant plus que troublé par ses nouvelles expérimentations. « Je ne suis pas quelqu’un que l’on met dans une boîte ! » se justifie-t-il dans un entretien accordé à The Quietus, en 2011. « Je pense parfois que je pourrais juste rester dans mon champ d’action et me reposer sur mes lauriers, mais finalement, c’est hors de question ! Je m’ennuierais dans la minute ! ». 

Ce changement de cap sera finalement d’assez courte durée. L’accueil réservé, ainsi que la mort traumatisante de John Lennon, quelques mois plus tard, voit McCartney retourner vers un environnement plus familier. L’album suivant, Tug Of War, sorti en 1982, est d’ailleurs produit par l’éternel homme de confiance des Beatles : George Martin. 

2020 : Troisième confinement forcé et jeunesse éternelle

En 2020, Paul McCartney a 78 ans et fait partie des dinosaures du rock. Mais l’heure n’est jamais au bilan. « Tout ce que je fais est supposé être la dernière fois que je le fais. Quand j’avais 50 ans, les gens disaient « C’est sa dernière tournée… » et moi de me dire « Ah bon ? Je ne crois pas… » » explique-t-il à Loud And Quiet, en octobre dernier. 

Alors qu’il fait aujourd’hui partie des meubles, que cela fait 40 ans depuis ce deuxième opus expérimental et qu’il n’a plus rien à prouver, selon les dires de beaucoup, la question est de savoir : Qu’attend-on d’un nouvel album de Paul McCartney ? 

« Ce qui est intéressant justement, c’est qu’il n’a plus grand chose à prouver. Je suis curieux de savoir ce qu’il a envie de dire aujourd’hui. Ce qui est délicat, c’est le risque de se pasticher eux-mêmes… C’est dur pour eux de trouver une motivation et d’essayer de faire mieux que ce qu’il a déjà fait. Comme il n’a plus d’objectif de carrière, finalement, il n’a pas de pression donc ça peut donner des disques intéressants quand même. » selon Bertrand Burgalat, musicien et patron du label Tricatel. Pour Agnès Léglise, journaliste à Rock & Folk, l’enthousiasme quant à un nouvel album du plus gentil des Beatles n’est plus trop de mise :  » L’intérêt de l’album tient à son nom ». Avant d’ajouter :  » Il n’y a pas le même sentiment d’urgence personnelle, j’ai peur qu’il soit devenu presque trop heureux pour le rock… »

Pour un projet aussi minimaliste, à nouveau réalisé entièrement par McCartney himself, la campagne promotionnelle menée par sa maison de disques, Capitol, a été très importante et s’est déployée dans les quatre coins du globe. C’est d’ailleurs dans ces derniers qu’il donne toujours de nombreux concerts, pour le plus grand bonheur des fans, toujours au rendez-vous pour admirer son extraordinaire longévité.

Ce qui prouve que, bien que la musique peut parfois se faire seul, il n’est rien de mieux que de la partager avec un public. En tout cas, Paul McCartney, doit être impatient de le retrouver…

Corentin Sachet