Fair Play, épisode 1 (janvier 2021)

Dans ce premier épisode de Fairplay, les chroniqueurs Simon Martin, Elodie Inacio et Eden Armant-Jacquemin, réunis autour de Pierre-Alexandre Marquet, présentent l’information sport et handisport depuis Cannes. Les sujets de ce mois de janvier sont variés, à commencer par une présentation de l’actualité sportive et handi-sportive, vue par Elodie. Eden poursuit ensuite avec un dossier sur la compétition paralympique puis vous pourrez entendre « l’interview » d’Aurélien Lazzaro, directeur du Comité Départemental Handisport des Alpes-Maritimes. L’épisode se conclut avec le « coup de cœur » de la rédaction. 

« Les actualités » par Elodie Inacio

Pierre-Alexandre : L’actualité sportive et handisportive s’annonce chamboulée par le coronavirus.

Elodie : Et bien oui, Pierre-Alexandre.

Ski handisport, on débute l’année avec un report, celui des championnats du Monde de Para Sports d’hiver 2021, à 2022. Un coup dur pour les athlètes des équipes de France de ski et de snowboard handisport qui ne se laissent pas abattre. Malgré une saison raccourcie, le ski alpin a débuté ce 20 janvier à Veysonnaz, en Suisse. Et c’est en beauté que le Français Arthur Bauchet aborde cette saison : cinq victoires en cinq jours. Avec de tels résultats, il a pu quitter en avance la piste de l’ours, ce lundi. Préférant faire un break avant les prochaines épreuves qui l’attendent en Autriche du 1er au 7 février. Le snowboard a vu aussi sa coupe du monde raccourcie. Actuellement en pleine entraînement sur les sommets d’Isola 2000. Les bleus se préparent à la première étape de la coupe qui aura lieu à Pyha en Finlande du 12 au 14 février. 

Vendée Globe Premier marin handicapé à participer au Vendée Globe, Damien Seguin est désormais 6e dans le classement. Ce marin, privé de sa main gauche depuis sa naissance, était en deuxième position au début du mois. Le skipper du groupe Apicil qui s’était fixé comme objectif de « terminer » est aujourd’hui fier de son parcours de « bon outsider ». À seulement quelques heures de l’arrivée c’est le skipper français Charlie Dalin qui est en tête, suivi du français Louis Burton. Enfin, en troisième position on retrouve le skipper allemand Boris Herrmann à bord du Seaexplorer. 

« Sport féminin toujours ». Le mois de janvier, c’est aussi le mois d’édition de l’émission (?) « sport féminin toujours ». L’objectif de cette campagne est simple : soutenir le sport au féminin et inciter les médias à intégrer plus de retransmissions sportives, mais aussi plus de sujets, émissions et interviews consacrés aux sports féminins et aux actrices du milieu sportif en général. Lors de cette 4ème édition, le ministère des Sports en associations avec le conseil supérieur de l’audiovisuel ont traité de l’impact de la crise sanitaire sur le sport au féminin. Pour se faire, il est primordial d’avoir l’aide de tous. Pour participer, c’est simple, il vous suffit de poster sur vos réseaux sociaux la photo ou l’exploit d’une sportive qui vous a marqués avec la mention #PlusDeSportAuFéminin. 

Ski normal Les Françaises Alizée Baron et Marielle Berger-Sabbatel ont pris les deux premières places de l’étape de coupe du monde de skicross organisée ce samedi en Suède. Une belle victoire pour Alizée Baron, après une saison blanche en 2020 à cause d’une blessure au dos, la Française n’en « revient pas ». L’Italienne Sofia Goggia s’est aussi imposée durant ces épreuves avec quatre succès d’affilée. Chez les skieurs masculins, on retient aussi que Beat Feuz a réussi un doublé sur la descente la plus mythique, d’Autriche. Aucun skieur n’avait signé de doublé la même année dans la station du Tyrol depuis Luc Alphand en 1995. 

Handball Dimanche, l’équipe de France de handball est sortie vainqueur du match contre les Portugais avec un score 32 à 23. Grâce a cette victoire, les bleus se sont qualifié pour les quarts de finale du mondial. Invaincus depuis leur arrivée en Égypte, les joueurs français affronteront la Hongrie ce soir. Et c’est bien sûr avec impatiente que l’on attend les résultats Pierre-Alexandre ! 

«  La série », par Eden Armant-Jacquemin

CITIUS, ALTIUS, FORTIUS : « Plus vite, plus haut, plus fort », telle est la devise des Jeux Olympiques modernes, proposée par le baron Pierre de Coubertin lors de la création du comité international olympique à la Sorbonne, en 1894.

127 ans plus tard, on perçoit la même fermeté dans le discours, la même résolution dans les mots du  Premier ministre japonais, Yoshihide Suga. Vendredi 15 janvier 2021, lors d’une séance parlementaire, on a pu l’entendre déclarer : « Je suis déterminé » à accueillir des Jeux olympiques « sûrs » à Tokyo, en signe de « victoire de l’humanité sur le nouveau coronavirus ».

Après un report à cause de la pandémie de Covid-19, on entend donc à nouveau parler des JO de Tokyo ! En 2021, le comité d’organisation des JO, le gouvernement japonais, la ville de Tokyo, mais aussi le Comité international olympique et le Comité international paralympique se sont mis d’accord : « Il n’y a pas de plan B ». La compétition se déroulera coûte que coûte, du 23 juillet au 8 août.

En attendant cet événement sportif international, l’un des plus médiatisés et les plus regardés au monde, nous avons décidé de revenir sur le handisport dans le cadre des JO. Car si les jeux olympiques rencontrent depuis leur création un immense succès auprès du public, ce n’est qu’à partir des JO de Londres, en 2012, que la compétition côté paralympique a commencé à susciter un véritable intérêt, tant de la part du public, que des organisateurs.

Comme le montrent Rémi Richard et Anne Marcellini dans un article paru dans la revue scientifique Movement and Sport Sciences en 2020, il faut attendre près de 100 ans et la fin des années 80 pour que le paralympisme intègre le mouvement olympique !

En 1989, après sept ans de négociations, le Comité international de coordination des organisations mondiales de sport pour les handicapés fonde l’International Paralympic Committee (IPC) : commence alors l’intégration progressive du paralympisme au sein du mouvement olympique. Tous les deux ans, les villes candidates doivent prévoir de recevoir à la fois les Jeux Olympiques, et à leur suite, les Jeux paralympiques.

À partir de 1992, la question de l’inclusion des personnes handicapées aux JO devient peu à peu un « enjeu incontournable » pour les comités d’organisation des villes et des pays hôtes. À l’époque, les villes candidates pour l’accueil des Jeux mettent de plus en plus en avant le lien entre les deux événements et l’importance d’accueillir tous les sportifs dans de bonnes conditions. Par « bonnes conditions », on n’entend pas tant l’accessibilité des infrastructures et les investissements financiers dans le sport paralympique que l’augmentation des investissements (financiers) faits pour encourager la pratique sportive paralympique dans les pays accueillant les Jeux.

Dix ans plus tard, à Londres en 2012, les jeux paralympiques soulèvent de nouvelles réflexions : quelle attitude adopter envers les personnes handicapées ? quel est l’impact des jeux sur la participation sportive globale des personnes handicapées ? ou encore quelle est la couverture et les représentations médiatiques des athlètes paralympiques ?

En tant que journaliste Fairplay, il nous a semblé intéressant de se pencher sur ce phénomène. Vous venez d’entendre le premier épisode de « Citius, Altius, Paralympius : des Hommes et des jeux ». Au programme de cette série : un retour sur l’histoire paralympique des Jeux Olympiques, une revue des 22 disciplines représentées cette année par les compétiteurs du handisport et une analyse de la place de la compétition handisport dans le monde d’aujourd’hui.

crédit: Pixabay

« L’interview », par Simon Martin

Interview d’Aurelien Lazarro, 27 ans, directeur du Comité Départemental Handisport des Alpes-Maritimes. 

Il a commencé par nous expliquer rapidement le statut du comité départemental de handisport ainsi que ses objectifs, à savoir d’accompagner et d’aider les clubs et associations portées sur le handisport, d’organiser des évènements autour de ce thème et de sensibiliser et faire découvrir au public le plus large possible à la pratique du handisport.

Aurélien Lazzaro a ensuite évoqué les difficultés auxquelles les clubs de handisport font face depuis un peu moins d’un an, notamment les enjeux financiers concernant les partenaires et sponsors, privés de visibilité par l’annulation des compétitions et évènements normalement organisés par les clubs. Situation renforcée par les dépenses que nécessite la pratique du handisport, importantes du fait des adaptations et du matériels souvent nécessaires. 

Il a enchainé en détaillant la perte de licenciés qu’il a observé au cours de l’année dans les alpes-maritimes, pour lui notamment due à la peur d’attraper le virus lors de la pratique d’activités handisportives. Une position et une peur qu’il comprend mais qu’il relativise pour autant ; pour lui le risque d’attraper la covid est présent globalement dans tous les endroits de la vie quotidienne. À cela, il ajoute que plusieurs études prouvent que l’activité physique permet de renforcer le système immunitaire. « Autant pratiquer » a-t-il finalement déclaré pour conclure sur ce sujet.

Il est ensuite revenu sur les diverses solutions trouvées par les clubs pour continuer leur activité ; entre éducateurs détachés allant directement dans les instituts pour maintenir des entrainements et pratique en visio. Ce sujet l’a amené à parler de la dérogation ministérielle permettant de maintenir dans certains cas la pratique du handisport. Une dérogation pour lui comparable à celle accordée aux sportifs de haut niveau, il a détaillé quelque peu la manière dont cette dérogation a été obtenue par les fédérations au cours du premier confinement. Cette dérogation, il la voit comme une vraie chance, permettant pour beaucoup de garder une pratique sportive minimum, « le seul moteur pour certaines personnes ».

Enfin, c’est un monde du handisport tourné vers l’avenir et une reprise plus normale des activités qu’Aurélien Lazzaro a décrit. « Vous commencez à penser à l’après ? A comment reprendre toutes vos activités ? On y pense depuis le premier jour du confinement, à cet après ».

« Le coup de cœur », par Pierre-Alexandre Marquet

Mon coup de cœur ce mois-ci, c’est un projet mais plus particulièrement quelqu’un. Cette personne c’est Théo Curin. Ce nageur amputé de ses 4 membres a réussi un exploit lors des derniers mois. Il a fait, à la fin de l’année, un Half-Ironman, c’est le premier quadri-amputés à réussir cet exploit. Pour rentrer dans les détails et vous montrer sa performance, il est important de noter que cette épreuve consiste à faire 2km de natation enchainée à 90 km de vélo, puis 21 km de course à pied.

Lors du premier confinement, Théo a commencé à s’entrainer pour pouvoir réussir cet exploit au sable d’Olonne. Après 2km et 32 minutes dans l’eau, le médaillé paralympique se pose sur son guidon spécialement adapté pour son corps. Encore plus spectaculaire, il n’avait jamais fait de vélo 2 mois avant l’épreuve et il n’avait pas fait plus de 60 km à l’entrainement. Enfin, la course, plus de 20 km pour passer la ligne d’arriver, en 6h53 (le  record du monde étant de 3h25). Mais ce challenge ne lui a pas suffi, dans un esprit de folie il s’est lancé un nouveau défi pour 2021 : traverser à la nage Le Titicaca, le lac le plus haut du monde, 122 km, une eau à 10 degrés, 3 800m d’altitude, en totale autonomie. Accompagné par alia Metella (médaille argent 50m) et Matthieu Witvoet (éco aventurier). Les trois nageurs, en totale autonomie, devront tracter un radeau, une plateforme spécialement conçue pour l’occasion où ils pourront manger, dormir et stocker leur matériel. Un autre défi fou qui va prendre encore 12 mois d’entrainement.

Un défi largement médiatisé qui lui a valu d’apparaitre sur de nombreux plateaux pour parler de ces défis mais aussi des catégories paralympiques, un sujet important mais ça, ce sera pour une prochaine fois.