février 08

Pêche dans les eaux de Jersey, les marins français restent à quai

Les pêcheurs français attendent un retour en mer après la fin du traité de la Baie de Granville et d’une période de transition. Celle-ci devait leur garantir un accès aux eaux jersiaises.

Faire partie de la liste est devenu la nouvelle priorité des pêcheurs normands et bretons. Depuis le 15 janvier, seulement 57 navires sur les 350 titulaires du permis de la Baie de Granville ont accès aux eaux de Jersey. Un traité local avait été signé en 2000 entre les autorités jersiaises et françaises leur permettant de gérer conjointement l’accès commercial aux zones de pêches de l’île. Une période de transition devait être mise en place suite à l’accord de commerce et de coopération liée au Brexit (mettant fin au traité de la Baie de Granville) jusqu’au 30 avril 2021 par Jersey. Elle avait pour but selon le Ministre des Affaires étrangères de Jersey « de limiter les perturbations en autorisant l’accès aux eaux jersiaises dans l’attente de la transmission des justificatifs. »

Les pêcheurs français avaient une semaine pour récupérer leurs casiers en mer (c: Pixabay)

Jersey a été obligée de se conformer aux demandes de la Commission européenne. « On a été notifié la semaine dernière via le Royaume-Uni que cette période de transition n’est pas reconnue car elle ne respecte pas les règles du nouvel accord » déclare Aurélie Leroy, directrice du bureau des îles anglo-normandes. Malgré la volonté de Jersey de garder des bonnes relations « avec ses voisins », les 350 navires français n’ont pas tous obtenu un permis. Ils ne justifient pas tous les dix jours d’activités dans les eaux de Jersey au cours des trois dernières années nécessaire pour obtenir cette autorisation. « Le problème, c’est que les bateaux n’ont pas tous des données géolocalisées et ça va donc être compliqué pour eux de prouver leur antériorité » déclare Marc Delahaye, Directeur du comité régional des pêches de Normandie.

Avenir menacé pour les marins

Les pêcheurs français sont impactés par le flou qui règne dans la baie de Granville. « On avait une semaine pour retirer le matériel en mer, on a décidé de ne pas le faire et on a bon espoir que Jersey ne touche pas à nos casiers. » Déclare Julien Mouton, propriétaire de « le père VONVON ». Il est le plus jeune patron pêcheur du Cotentin et naturellement il s’investit pour lutter contre cette situation. « J’ai 25 ans et je me sens pleinement impliqué parce que c’est mon avenir qui est en jeu » rappelle-t-il.

Côté Jersey, les pêcheurs ont eux aussi fait part de leur colère. « Maintenant pour pouvoir débarquer en France, ils sont considérés comme juridiction tiers et doivent se soumettre à un processus administratif lourd. » Souligne Aurélie Leroy, « c’est compliqué à accepter pour un pêcheur jersiais qui du jour au lendemain se voit imposer des contraintes pesantes. » L’accord commercial du Brexit n’a pour le moment pas enterré la volonté française et jersiaise de rapidement clarifier une situation perdant-perdant.

  • Cet article a été rédigé le 25 janvier. Depuis la situation a évolué et les pêcheurs français ont pu retourner dans les eaux de Jersey.

Tom Trichereau