
La confiance des Français envers la police remonte à l’heure du Beauvau de la sécurité
Un récent sondage réalisé par l’Ifop pour le Journal du Dimanche a révélé un regain de confiance à l’égard des forces de l’ordre en France, alors que les polémiques sur les violences policières se multiplient

À l’heure de la concertation, la confiance repart. Un sondage de l’Ifop (Institut français d’opinion publique) publié le 25 janvier dernier a révélé une augmentation de la confiance de la population à l’égard de la police. Des chiffres qui étaient en légère baisse à la fin de l’année 2020.
En effet, une récente succession de violences et d’accusations de racisme a contribué à desserrer les liens entre la population et les forces de l’ordre. À l’image de l’affaire Michel Zecler, avec la violente interpellation de ce producteur par une équipe de police, en novembre dernier.
En réaction, la première des huit tables rondes du Beauvau de la sécurité, débutée ce lundi, a été consacrée à la question des relations entre la police et la population. Elle s’inscrit au sein d’un vaste plan de réforme des forces de l’ordre, initié au début de l’année par Jean Castex.
Plus de 60% des Français ressentent de la sympathie ou de la confiance à l’égard des policiers
La première étape de ce Beauvau de la sécurité constitue cependant une consultation dont « on pourrait questionner le réel intérêt », avance Christian Mouhanna, chercheur au CNRS. Selon lui, la baisse de la confiance n’est pas un phénomène récent : « on a encore aujourd’hui un fort taux de confiance envers la police, qui est autour de 65%. Mais si l’on considère la période des 20 ou 25 dernières années, contrairement à nos voisins européens, il y a quand même une baisse.»
Une baisse qui se poursuit jusqu’au mois de décembre 2020, où la police inspire un sentiment positif à seulement la moitié de la population française. Un chiffre qui est depuis en hausse, puisque plus de 60% des sondés ressentaient en janvier de la sympathie ou de la confiance à l’égard des policiers.
Il reste que, en général, les Français soutiennent majoritairement la police, plus qu’ils ne la condamnent. « On constate les divergences d’opinions concernant les forces de l’ordre entre une grande partie de la population, qui y est rarement confrontée, et une plus petite partie, composée en majorité de la classe moyenne inférieure, ainsi que de manifestants, et d’étudiants. On remarque en fait que le manque de confiance en la police se limite de moins en moins aux jeunes issus de banlieue, comme cela pouvait être le cas par le passé », martèle le sociologue Christian Mouhanna.
Les opinions divergent, tout comme les critiques adressées aux policiers, en ce qui concerne la réalisation de leurs missions. Selon la population interrogée, certaines missions sont bien menées. Par exemple, près de 4 Français sur 5 pensent cela de la lutte contre le terrorisme. Mais d’autres missions ne seraient pas assez bien menées. Ce serait le cas de la lutte contre les violences faites aux femmes (57% pensent que la mission est mal remplie) ou du combat mené face aux infractions politico-financières (56%).
D’après les résultats du sondage de l’Ifop, la confiance accordée aux forces de l’ordre varie aussi énormément en fonction des opinions politiques. Par exemple, les accusations de violence portées contre les dépositaires de l’autorité publique sont plus souvent contredites par des individus dont les affinités politiques se situent au centre, ou à droite (La République en Marche, les Républicains). En revanche, plus une personne est orientée à gauche (Parti Socialiste, La France Insoumise), et plus elle a tendance à croire aux accusations de violence dont la police est l’objet.
Dorian VIDAL