L’impact du Covid-19 sur le taux de natalité en France

« Pour nous, il n’est pas envisageable de fonder une famille dans le contexte actuel » confie Natacha. La pandémie a freiné les jeunes couples dans leur projet « famille ». Une réticence qui s’est fait ressentir sur le taux de natalité en 2021. D’après l’INSEE, le nombre de naissances enregistré en France a chuté de 13 % par rapport à janvier 2020. Une baisse inquiétante, qui ne s’était plus produite depuis 1975. En janvier 2021, c’est seulement 53 900 bébés qui ont été mis au monde. C’est environ 6 000 bébés de moins qu’en 2019, avant la pandémie mondiale. Au début les mesures gouvernementales, comme le confinement, laissaient présager un baby-boom. C’est bien le contraire qui se produit actuellement. Certains chercheurs affirment qu’un « baby crash » aura lieu. Il n’y a pas que la France qui soit touchée, c’est mondialement que les couples ont repoussé le projet de fonder une famille. Dans un article pour France Info, Gilles Pison, démographe, explique que l’impact de la pandémie sur des pays avec une politique familiale développée aura moins de conséquences que sur d’autres. En France, les objectifs fixés à la politique familiale sont nombreux. La contribution au renouvellement des générations par une politique de soutien à la natalité, le maintien du niveau de vie des familles ou encore favoriser l’articulation entre vie familiale et vie professionnelle, permettront à l’Hexagone de se remettre facilement d’un baby crash.

« Aujourd’hui, c’est difficile de rencontrer quelqu’un » 

 « Pendant le confinement, les gens ont aussi fait moins de rencontres, ce qui a pu retarder les mises en couple » a confié la chercheuse Eva Beaujouann à France Info. La pandémie a touché de plein fouet le quotidien des Français. Les sorties, les rencontres ont été mises à rude épreuve cette année. Les couples qui auraient dû se former, ne l’ont pas été. L’absence de vie sociale est l’une des raisons du manque de naissance pour ce mois de janvier 2021. « Normalement, mes rencontres se font autour d’un verre, mais maintenant, ce n’est plus possible » confie Elena. Un changement de vie qui n’est pas sans conséquence. Si pour les célibataires, c’est le manque de rencontre qui leur a joué des tours, pour les couples c’est plutôt le stress. Il était attendu un nombre conséquent de naissance avec la mise en place du confinement. Rester à la maison était propice à la conception d’un enfant. « On s’attendait à avoir beaucoup de naissances en 2021 » affirme Leïla, sage-femme. C’est l’effet inverse qui s’est produit. Le stress, l’angoisse sont devenus des obstacles à la procréation des couples en 2020. D’après Michel, psychologue, les Français étaient fortement angoissés et la période n’était pas la plus adaptée pour donner naissance à un enfant. L’activité sexuelle des couples pendant le confinement a été aussi surestimée. Un sondage l’Institut français d’opinion publique va plus loin et annonce que les Français en couple auraient eu moins de rapports sexuels que d’ordinaire durant le confinement. L’arrivée d’une nouvelle maladie a été sujette au questionnement. « On a eu peur d’élever un enfant avec la présence d’une maladie inconnue » affirme Mélanie. Au début de la pandémie, c’est plutôt la peur du virus qui a freiné les amoureux français. Aujourd’hui, c’est l’incapacité de se projeter dans l’avenir qui les bloque davantage.  

« Travaillant dans le commerce, nos plans ont été remis à zéro » 

La crise sanitaire est celle qui a dissuadé les couples. Mais la crise économique annoncée est peut-être celle qui a mis un point final à leur projet bébé. « J’ai perdu mon emploi dès mars 2020, le manque de stabilité aujourd’hui ne donne pas envie de concevoir un enfant » affirme Natacha. Pour de nombreux couples, l’idée de fonder une famille dans un contexte économique en chute libre est inconcevable. D’après Le Figaro, 12,4 millions de Français se serai retrouvé au chômage partiel entre 2020 et 2021. Pour les moins chanceux, sois 158 400 personnes d’après les Échos, leurs emplois ont été détruits. Difficile d’envisager de fonder une famille avec la crainte de perdre son emploi. Un avenir obscur qui fait peur à la future nouvelle génération de parents. Selon France Info : « Pour certains couples, le contexte mondial est devenu si sombre que l’idée même d’y faire naître des enfants a été écartée ». Il y a longtemps que le pays, le monde, n’avait pas connu une situation aussi complexe. « J’ai peur de donner naissance à mon enfant dans ce contexte, c’est une certitude » confie Mélanie. Nombreux sont ceux à ne plus envisager l’avenir sereinement. Les couples ne veulent plus donner naissance à un enfant dans ce contexte mondial inquiétant. 

Cette décision pourrait conduire à une situation plus grave encore. Le trou laissé par le nombre de décès dûs au Covid-19 ne pourraient être comblé par l’arrivée de nouveaux-nés. D’après certains démographes dans un article publié par Libération, si le taux de naissance reste en baisse, cela pourrait donner lieu à une crise démographique en plus de la crise sanitaire et économique actuelle. En France, les conséquences seront moindres. Les caisses d’allocations familiales, les conseils départementaux, le financement d’infrastructures de garde ou de soutien à la parentalité réduiront l’impact de la crise sur le pays. 

Lilas Pierre