
Sénégal : Des violences à l’arrêt mais une crise toujours d’actualité
Le président Macky Sall utilise la manière forte pour asseoir son pouvoir sur le pays de la Teranga

Credit : Dessin de Presse de Pierluca Leandri
Scènes de guérilla urbaine, magasins pillés, voitures brûlées et répression des forces de l’ordre sont le quotidien des Sénégalais depuis maintenant 2 semaines. L’embrasement auquel fait face ce pays depuis le 3 mars révèle de nombreux malaises dans cette société. Derrière cette flambée de violences, l’arrestation d’un homme, Ousmane Sonko. Le député de 46 ans et principal opposant au président Macky Sall, a été accusé début février de « viols et de menaces de mort » sur une employée d’un salon de beauté. Accusation qu’il a bien sûr nié et qu’il estime être un complot destiné à ruiner ses projets présidentiels en 2024. Ousmane Sonko est devenu le symbole d’une lutte mais aussi de tout un groupe de militants emprisonnés. Cette crise politique s’est aujourd’hui transformée en crise sociale. Le mal être de la jeunesse, le chômage en augmentation et les difficultés économiques de ce pays ont crée une violence inouïe au cours des manifestations qui ont pour le moment fait 5 morts selon un bilan officiel et 11 selon le mouvement de contestation. Macky Sall qui laisse peu de place à la liberté d’expression, a décidé de répondre par des actes, en fermant les écoles pendant plus d’une semaine et en imposant une restriction concernant l’accès à internet et aux réseaux sociaux.
Une pacification par la médiation religieuse
Après une rencontre avec les émissaires du khalife générale des mourides, une des principales confréries musulmanes du Sénégal, le collectif Mouvement de défense de la démocratie (M2D) qui inclut le parti politique d’Ousmane Sonko, a décidé de reporter la manifestation pacifique prévue le samedi 13 mars. Le M2D a cependant appelé « le peuple à rester mobilisé et attentif » mais n’a pas encore donné de nouvelles dates de manifestations. Malgré un déploiement important des forces de défense et de sécurité à Dakar et à Saint Louis, la situation est restée calme. Un apaisement qui n’est que passager selon un défenseur des droits de l’Homme : « tant que les prisonniers ne seront pas libérés, des tensions seront possibles d’autant que les arrestations se sont poursuivies cette semaine » explique t-il dans les colonnes de RFI. L’Union africaine a exprimé « « sa préoccupation » et son attachement à une solution « par la voie pacifique, le dialogue et dans le strict respect de l’ordre ».
Eliot Francomme