Que faire des 200 milliards d’euros d’épargne-covid ?

Les plus aisés et les 18-24 ans ont profité de la baisse d’activité pour mettre de l’argent de côté. Les Socialistes voudraient taxer cette épargne, mais le ministre de l’Économie Bruno Le Maire refuse « clairement et définitivement ».

Les temps sont durs, mais certains économisent. Entre début 2020 et fin 2021, les Français auront mis 200 milliards d’euros de côté, d’après la Banque de France. C’est plus de 9 % du PIB en 2020. Les hauts salaires mais aussi les 18-24 ans ont profité de la baisse d’activité pour épargner.

Les cadres en CDI qui n’ont pas connu de baisse de salaire depuis le début de la crise sanitaire n’ont pas pu dépenser leur argent dans des activités de loisir, celles-ci étant fermées. Quant à ceux qui détiennent des actions, ils ont profité de la hausse de la bourse et ont vu leurs revenus augmenter. Le Conseil d’Analyse Economique a révélé dans une étude parue en octobre dernier que les 20 % des ménages aux revenus les plus élevés concentrent 70 % de l’épargne-covid.

Plus surprenant, les 18-24 ans ont plus épargné que la moyenne des Français. D’après un sondage Opinion Way* pour MeilleurPlacement.com, publié le 16 février dans un communiqué de presse, les jeunes économisent « 281 euros par mois en moyenne ». C’est 5 euros de plus que la moyenne nationale. Yannick Hamon, porte-parole de MeilleurPlacement.com souligne au Figaro que les 18-24 ans « ne dépensent plus dans les bars, les cinémas ou les restaurants, et beaucoup sont retournés vivre chez leurs parents, ce qui les soulage des charges à payer. Au final, leurs dépenses sont tombées à 0 avec la crise sanitaire ».

Taxer l’épargne-covid, c’est taxer les plus riches

Face à cet argent qui patiente dans les caisses des Français les plus aisés, le groupe socialiste de l’assemblée avait proposé d’intégrer au plan de relance de l’économie, une « contribution unique de solidarité ». Leur principal argument : taxer l’épargne-covid, c’est taxer les plus riches. Ainsi, l’épargne accumulée permettrait de financer les 100 milliards d’euros mis sur la table avec le plan de relance. Pour ce faire, les Socialistes proposaient de taxer à hauteur de 0,5 % les contrats d’assurances vies dont le montant dépasse les 30 000 €. Ils espéraient ainsi récolter 9 milliards d’euros. Mais l’amendement a finalement été rejeté, le ministre de l’Économie ayant d’autres intentions.

Bruno Le Maire, fidèle à ses arguments libéraux, préfère en effet relancer l’économie par l’offre. « J’écarte une nouvelle fois clairement et définitivement toute taxation de l’épargne des Français », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse. Il espère ainsi que les économies des plus riches pourront nourrir les besoins d’investissement des entreprises. Pour ce qui est des revenus plus faibles, le ministre a confié travailler « à des incitations qui permettraient aux Français de dépenser leur épargne dans l’économie et donc de participer à la relance économique ». Faudrait-il encore que tous les commerces non essentiels soient ouverts.

Noé GIRARD-BLANC