
Amnesty international dans son rapport annuel pointe du doigt les manquements des États suite à la crise du covid
Publié le 7 avril, l’ONG Amnesty International a dans son rapport annuel mis en avant les effets néfastes de la pandémie, qui a favorisé les mesures autoritaires et enfoncé les pays pauvres dans des crises politiques et économiques.
Une habitante de Paraisopolis, l’un des plus grands bidonvilles de la Sao Paulo, participe à une manifestation, le 18 mai 2020, pour demander plus d’aide au gouvernement de l’État de Sao Paulo pendant la pandémie de coronavirus Covid-19 © Miguel SCHINCARIOL / AFP
Une pandémie qui “normalise les mesures d’urgence autoritaires”
À cause des restrictions sanitaires et du confinement, les libertés des populations ont été entravées. Cependant dans les pays où la démocratie n’est pas au goût du jour, les conditions se sont encore aggravées et la Covid-19 a bon dos. Dans son rapport publié aujourd’hui, l’ONG Amnesty internationale dénonce la tendance des pays autoritaires à gérer la pandémie de façon à réprimer un maximum les droits humains. La Chine est accusée de censure, avec notamment le cas du docteur Lee Wenliang, réprimandé pour avoir été l’un des premiers à tenter de sonner l’alerte de la pandémie. Autre exemple, celle de la journaliste Zhang Zhan arrêtée, torturée puis condamnée à quatre ans de prison pour “désinformation” alors qu’elle n’avait que tourné un reportage sur la situation sanitaire à Wuhan. L’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les Émirats Arabes Unis ou encore la Hongrie ont aussi voulu tuer dans l’œuf toute critique de la gestion de la crise sanitaire par leur gouvernement respectif, en censurant les internautes. Le gouvernement de Viktor Orban a modifié le Code pénal du pays, qui prévoit désormais jusqu’à cinq ans d’emprisonnement en cas de “diffusion de fausses informations” au sujet de la Covid-19. Le rapport d’Amnesty International reproche ainsi à certains dirigeants d’avoir tenté de « normaliser les mesures d’urgence autoritaires » introduites pour lutter contre la pandémie, et d’y avoir vu « une occasion d’asseoir leur propre pouvoir ».
« La pandémie a jeté une lumière crue sur l’incapacité du monde à coopérer de manière efficace et équitable »
Publiée le 7 avril, journée mondiale de la santé, cette date n’est pas été choisie aux hasard. La pandémie a bouleversé l’année 2020 et la vaccination fait le fruit de critiques de la part de l’ONG. Amnesty International fait une critique acerbe de la gestion des vaccins faite par les pays riches. La moitié des quelques 680 millions de doses administrées dans le monde l’ont été dans des pays à « revenu élevé » au sens de la Banque mondiale, tandis que les pays à « faible revenu », représentant 9 % de l’humanité, ne concentrent que 0,1 % des doses injectées, selon un comptage réalisé par l’AFP. « La pandémie a jeté une lumière crue sur l’incapacité du monde à coopérer de manière efficace et équitable », a souligné la Française Agnès Callamard, nommée fin mars secrétaire générale de l’organisation, dans un entretien accordé à l’AFP. « Les pays les plus riches ont établi un quasi-monopole, laissant les pays avec le moins de ressources confrontés aux pires conséquences en matière de santé et de droits humains, et donc aux perturbations économiques et sociales les plus longues », a-t-elle ajouté.
La France aussi vivement critiqué
La France n’a pas été épargnée non plus par les critiques, d’après l’ONG, les droits civiques et politiques sont menacés en France. Les mesures prises par le gouvernement face à la pandémie de Covid-19 ont soulevé un certain nombre de préoccupations autour des droits humains. En cause, l’usage excessif de la force par la police, notamment la dispersion de manifestants avec des tirs LBD (Lanceur de balles de défense, arme sublétale), ainsi que la loi de « sécurité globale ». Autre accusation, suite à l’assassinat de Samuel Paty, Amnesty International dénonce les mesures prises par le gouvernement au nom de la lutte contre le terrorisme, comme portant atteintes aux droits humains.
Pierre-Alexandre Marquet