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AstraZeneca, le vaccin dont tout le monde se méfie

Alors que la campagne de vaccination française doit accélérer en avril, les gens se méfient toujours plus du vaccin d’AstraZeneca. Ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna sont appréciés, mais celui-ci effraie, car il pourrait être à l’origine de caillots sanguins, pouvant entrainer la mort.

La peur autour du vaccin d’AstraZeneca ne fait qu’augmenter. Le 7 avril, après plusieurs mois dans le flou, Emer Cooke, la directrice exécutive de l’Agence européenne des médicaments (AEM) reconnait que le vaccin anti Covid-19 d’AstraZeneca pourrait provoquer des caillots sanguins. Dans certains cas rares, des thromboses se forment. Le problème c’est qu’elles bouchent les artères, empêchant le sang et l’oxygène d’atteindre un ou plusieurs organes. Quand le cœur n’est plus approvisionné, la personne vaccinée est susceptible de faire un arrêt cardiaque et donc de mourir. Dans le cas de ce vaccin, les thromboses sont atypiques. Elles touchent des « veines du cerveau (thromboses des sinus cérébraux) » d’après l’AEM. Et plus graves, elles sont accompagnées par la chute du niveau de plaquettes sanguines, des cellules qui aident à coaguler le sang. Le Dr Thierry Mraovic, un médecin français se confie à l’Agence France Presse (AFP) : « Des personnes avaient pris rendez-vous, elles sont venues et elles sont reparties quand elles ont vu que c’était Astra, en disant “Je n’en veux pas” ». Toujours selon lui, « Les gens nous disent qu’ils ont peur, peur de mourir, d’avoir un effet indésirable ». Ce n’est pas le seul à avoir fait ces observations. Dans un centre de vaccination à Gravelines (Nord) seulement 132 injections pour 750 doses disponibles ont été faites lors du week-end de Pâques selon l’AFP.

Des effets secondaires rares qui inquiètent

Si les effets secondaires d’AstraZeneca peuvent faire peur, ils sont pourtant très rares. Au 4 avril, l’AFP relevait seulement 222 cas de thromboses atypiques sur 24 millions d’injections réalisées dans l’espace économique européen, surtout présents chez les femmes de moins de 60 ans. C’est pour cette raison qu’en mars 2021, de nombreux pays européens ont pris la décision de ne plus injecter AstraZeneca aux moins de 55 ans environ. Par exemple, en France ce vaccin est réservé aux plus de 55 ans, en Allemagne, il est recommandé pour les plus de 60 ans, en Suède et en Finlande, l’âge minimum requis pour une injection est de 65 ans, et au Danemark comme en Norvège, il est toujours suspendu. Après l’apparition des premières thromboses en mars 2021, la France, ainsi que d’autres pays avaient interdit d’injecter AstraZeneca à qui que ce soit pendant quelques jours, alimentant la défiance vis-à-vis de ce vaccin. L’agence européenne des médicaments tente de rassurer la population en estimant qu’il y a « plus de bénéfices que de risques », car ces effets secondaires restent très rares.

Sur les pas d’AstraZeneca

Un nouveau problème s’ajoute à la liste. Un nouveau vaccin fabriqué par Johnson & Johnson cette fois, pourrait subir le même sort qu’AstraZeneca. Comme ce dernier, ce nouveau vaccin, qui était attendu en France la semaine prochaine, présente aussi des cas de thromboses. Selon une dépêche AFP, le laboratoire a annoncé mardi qu’il « retarde le déploiement » en Europe. Le régulateur américain a décidé de suspendre son utilisation afin de chercher la cause des caillots sanguins. Si la méfiance vis-à-vis du vaccin d’AstraZeneca s’étend à celui de Johnson & Johnson, cela pourrait encore compliquer la campagne de vaccination française. La France attend 12 millions de doses en avril, dont 3 millions du vaccin d’AstraZeneca et 600 000 de celui de Johnson & Johnson. Si les vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna sont demandés en masse, les professionnels de la santé craignent de se retrouver avec des doses d’AstraZeneca sur les bras. Le Dr Frezet, vice-président de l’URPS (Union régionale des professionnels de santé) a déclaré à l’AFP « Avant, j’avais 50 demandes pour 10 doses et maintenant il faut que j’appelle les patients pour faire de la pédagogie. Je prends le temps de leur expliquer que le bénéfice de ce vaccin est plus important que le risque ».

La cause des caillots sanguins toujours inconnue

La cause de l’apparition de ces thromboses (AEM) n’est pas encore connue. Sur Twitter, Mathieu Molimard, spécialiste français de pharmacologie, pense que le problème viendrait de l’utilisation « du vecteur adénovirus » — des virus possédant de l’ADN d’animaux ou d’humain dont certains peuvent infecter l’humain — présent dans les vaccins d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson. Ses observations sont partagées sur ce même réseau social par David Fisman, épidémiologiste à l’université de Toronto. Aucune hypothèse n’est prouvée pour le moment et l’agence européenne des médicaments (AEM) ne préconise rien de spécial quant à l’usage du vaccin d’AstraZeneca. La directrice exécutive de l’AEM, Emer Cooke commente « Il est plausible que l’apparition de ces caillots après la vaccination avec AstraZeneca soit liée à une réponse immunitaire au vaccin ». L’AEM ne souhaite pas alimenter le scepticisme anti-vaccinal alors que 200 millions de personnes ont reçu ce vaccin dans le monde.

Marie Taube