
Le basket 3×3 en plein essor à quelques mois des Jeux Olympiques
Le basket 3×3 qui se joue depuis longtemps sur tous les playgrounds du monde, est devenu un sport officiel en 2010 lors des JO de la jeunesse à Singapour. Un peu plus de 10 ans après, de nouvelles compétitions sont apparues, des talents se sont révélés et le sport s’est développé. A trois mois des Jeux Olympiques de Tokyo, ce sport se prépare à faire son entrée dans cette compétition mythique pour la première fois.
L’arrivée du soleil et de l’été est synonyme de basket 3×3 pour les adeptes de ce sport qui a pris une grande ampleur à partir de 2012. Un demi-terrain, un panier et 6 joueurs qui s’affrontent suffise à lancer un match de haut niveau avec un spectacle garanti. C’est un sport très accessible et peu coûteux explique Ludivine Saillard en charge des relations avec les collectivités territoriales à la fédération Française de Basket : « c’est assez facile à financer. On utilise des équipements déjà existants et avec un peu d’innovations et quelques idées, on peut faire des choses incroyables ».
Avec un côté très urbain et une grande liberté, cela permet aux professionnels, de s’affronter dans des lieux parfois insolites ou idylliques : « pendant la coupe d’Europe en 2018, j’ai joué dans un cirque, c’était assez drôle et en même temps impressionnant » témoigne Migna Touré, joueuse en équipe de France de 3×3 et numéro 2 mondiale.
Spontané et explosif, quand le basket traditionnel repose plus sur les systèmes de jeu et la patience, le 3×3 se termine au bout de 10 minutes ou dès qu’une équipe inscrit 21 points. C’est un effort très intense pendant lequel les basketteurs doivent être polyvalents et savoir jouer à tous les postes : « au 3×3 tu ne peux pas te cacher derrière tes faiblesses et tu dois assumer. Il faut être très physique, athlétique et en même temps il faut tirer de loin, de près et savoir récupérer le ballon ». affirme la numéro 2 mondiale.

Crédit Photo : Achille Francomme
« Sa présence aux JO de Tokyo est légitime »
C’est en 2017 que ce sport prend un nouveau tournant. L’annonce de son entrée au programme olympique à Tokyo, qui s’inscrit dans la volonté du CIO de rajeunir les Jeux, est une véritable satisfaction pour les acteurs du 3×3. « Sa présence aux JO de Tokyo est légitime car c’est un sport en plein essor » souligne Migna. Une apparition dans cette compétition mythique qui va permettre d’accroître les audiences de ce sport encore peu connu du grand public. La page officielle de la Fédération internationale de basket 3×3 compte à ce jour 340 000 abonnés sur YouTube. Malgré un fort développement sur le web et une diffusion de presque tous les tournois en direct, le basket 3×3 peine à arriver sur le grand écran. Ces dernières années, l’Equipe 21 a quand même retranscrit quelques tournois, notamment le World Tour de Doha. Les attentes sont grandes, mais les acteurs du 3×3 voient plus loin. En France, on se prépare même à « l’après Jeux » : « si nos équipes de France sont qualifiées, on va être fortement sollicitées, cela va donner un vrai coup de projecteur » souligne Ludivine. Un programme chargé puisqu’à l’issue de ces JO, la France sera terre d’accueil des championnats d’Europe qui se dérouleront entre le 10 et 12 septembre à Paris.
Une quête de professionnalisation
Des JO comme tremplin pour le 3×3, mais une qualification qui n’est pas assurée par les équipes de France masculine et féminine ( il faut être parmi les 4 meilleures nations au classement mondial ou passer par un tournoi de qualification olympique pour obtenir un des huit tickets ). Un enjeu majeur qui risque d’être assez difficile à passer pour les hommes dont la poule est très compétitive avec notamment la Slovénie. Les femmes, championnes d’Europe en titre, ont quant à elles plus de chances de se qualifier.
Malgré plusieurs bons résultats sur les championnats internationaux, les Français sont absents du circuit mondial ce qui les empêche de marquer des points et les fait reculer au ranking international. Un circuit dominé aujourd’hui par plusieurs équipes Serbes et une équipe Létonne. Pour rester dans le circuit professionnel et espérer décrocher une place sur le World Tour, il faut s’y consacrer toute l’année. Or, en France, le 3×3 ne permet pas encore d’obtenir un salaire fixe : « il faut faire énormément de tournois pour pouvoir prétendre à gagner de l’argent, à la fin des comptes, tu as plus donné sur le terrain que tu n’as reçu en dehors » souligne Migna Touré. Toutefois, des projets commencent à éclore et certains acteurs de ce sport prennent des initiatives. Avec de fervents soutiens, la Team Poitiers espère rapidement intégrer ce circuit professionnel.
Eliot Francomme