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Dubaï, nouvel eldorado de la « planète instagram »

Dubaï ou l’une des villes les plus en vogue de tout le Moyen-Orient. Son soleil, son eau cristalline et ses dunes de sable à perte de vue ont attiré de nombreux Français ces dernières années. Les premiers clients de cette vie dorée, les influenceurs. Dubaï avait déjà accueilli de multiples expatriés français travaillant dans l’extraction des hydrocarbures, rente essentielle au développement économique des Emirats. L’industrie et le tourisme ont eux aussi été facteurs de nouvelles arrivées. Plus récemment, c’est une tout autre communauté qui vient faire fructifier ses affaires au soleil.
En plein hiver en France, Instagram est envahi de photos au bord de mer ou au pied de la tour Burj Khalifa. Caroline Receveur, Nabilla Benattia, Julien Tanti et bien d’autres ont décidé de tout quitter pour rejoindre la Manhattan du Moyen-Orient. Mais quelles sont les raisons de cette migration ? « Dubaï, c’est la ville de tous les rêves » avait déclaré Jessica Thivenin dans une story Snapchat. De tous les rêves ou de tous les bénéfices. Pour ces célébrités, la France ne devenait plus assez « sécuritaire ». « À chaque fois que j’ai pris un appartement en France, je me suis fait cambrioler » affirmait Liam Di Benedetto dans une vidéo de Jeremstar, youtubeur. La sécurité est la première raison évoquée par les influenceurs pour justifier cet envol. La popularité de la téléréalité et des réseaux sociaux en France, n’a cessé de s’accroître. Le besoin de retrouver l’anonymat est devenu l’une des principales préoccupations de ces derniers. D’après 20 minutes, à 5.000 kilomètres de la France, Dubaï permet aux influenceurs de sortir leurs lunettes de soleil uniquement pour se protéger les yeux, et non pas pour passer incognito. Les placements de produits, première source de revenus des influenceurs, ne sont pas innocents dans ce changement de vie. Pour vendre plus et faire fureur sur la toile, les posts Instagram doivent faire rêver leurs followers. Rien de mieux qu’une plage, un désert ou le Dubaï Mall pour illustrer une publicité rémunérée. Si certains affirment qu’il s’agit simplement d’un choix de vie différent, d’autres assument ouvertement les raisons de cet exil. « Je vais vivre à Dubaï pour payer moins d’impôts, la télévision, c’est éphémère, je prépare mon avenir » clame Kellyn Sun, candidate de
téléréalité, dans une story Instagram. À Dubaï, aucun impôt n’est appliqué sur le revenu personnel ou sur les sociétés, mis à part celles liées à l’extraction d’hydrocarbures. D’après Kolsquare, propos recueillis par 20 minutes, « La domiciliation fiscale de l’activité des influenceurs hors de France peut en effet théoriquement être liée à une optimisation de leurs revenus ». Une nette amélioration des profits qui permet de vivre une vie « bling-bling », peu démocratisée en France. Ici, il est possible d’habiter une villa de 1000 m2 au même prix qu’un appartement de 50 m2 à Paris, et d’avoir des voitures de luxe à outrance. L’exposition à n’en plus finir de ce qu’ils ont acquéri a attiré l’attention des curieux et certains points d’ombre ont été éclaircis.
« C’est une honte »
Il y a quelques semaines, l’humoriste Marie S’infiltre sortait une série de vidéos tournées à Dubaï. Loin du décor paradisiaque montré par les influenceurs le reste de l’année, l’humoriste a elle dévoilé la face cachée de la ville. Esclavage moderne, camps de travailleurs et prostitution rythment les vidéos postées par la Parisienne. Elle est allée à la rencontre de ces influenceurs pour les confronter à la réalité. « Mais moi, je déteste la France, j’arnaque les gens qui me regardent sans scrupule, ces gens-là me volent » confiait Jazz, candidate de téléréalité au micro de Marie s’infiltre, à propos de son auditoire. « J’ai été choqué des propos tenus par les candidats sur leur pays d’origine » confie Léonie, jeune étudiante très présente sur les réseaux sociaux. Si ces vidéos ont été un « choc » pour certains internautes, ce n’est pourtant pas le premier scandale autour des influenceurs à Dubaï. Des vidéos avec des animaux sauvages tenus en laisse, le traitement « moindre » des baby-sitters ont terni l’image des influenceurs, peu valorisée jusqu’à présent.
« Dubaï c’est devenu la France »
Si depuis cinq ans, les emménagements à Dubaï sont devenus monnaie courante, la pandémie n’a fait qu’accélérer cette invasion massive. La gestion de la crise sanitaire en France a décidé de nombreux influenceurs à la quitter. Aux Emirats Arabes Unis, il est possible de manger au restaurant et de faire la fête, chose prohibée en France. « Ici, il ne fait pas beau, on ne peut rien faire autant partir quand on en a les moyens » avoue Julia Paredes dans l’émission « Mamans et célèbres » diffusée sur TFX. Et elle n’est pas la seule, cette année Hillary Vanderosieren, Gregory Yeghiazarian, Maeva Ghennam ou encore Martika Caringella ont plié bagage pour retrouver un goût de liberté. Cette évasion, pour éviter les multiples confinements français n’a pas été bien reçue par la plupart des followers. « J’ai trouvé que c’était un manque de respect total envers le pays et nous, qui respectons les mesures sanitaires » affirme Thomas, étudiant et fidèle téléspectateur de télé-réalité. Dubaï semble se positionner comme la destination de choix pour ceux qui veulent échapper à la crise sanitaire. Le nouvel Eldorado d’une génération 2.0 et visiblement une grande « bouffée d’air frais » dans le contexte actuel. Dubaï a enregistré plus d’un demi-million de voyageurs au cours de la première semaine de janvier cette année.
Lilas Pierre