BrutX, le streaming français qui donne du sens 

Pour de nombreux jeunes, suivre les actualités sur Instagram, Youtube ou Twitter via le média français Brut est devenu une habitude. Depuis son lancement le 7 avril 2021, leur nouvelle plateforme de vidéo à la demande nommée BrutX connaît un écho médiatique important.
L’audiovisuel en face à face

Au début, il y a Brut, média social né en 2016 qui diffuse sur Internet des vidéos d’informations générales toujours sous-titrées explicitement. En 2020, Brut a doublé son nombre de visionnages (20 milliards de vues). Ce mastodonte qui a accueilli le président Macron en décembre dernier dans ces locaux s’élève comme un incontournable dans le paysage médiatique français. Leur premier public : les 15-25 ans, la génération qui s’informe massivement via les applications comme Facebook (sondage dispo ici). Leur ligne éditoriale : la mise en avant de faits de société pour réfléchir aux enjeux du monde actuel. Le format vidéo court permet la mise en scène de l’actualité par l’image dans un style différent de celui proposé à la télé. Les interviewés s’affichent dans un décor neutre, la médiation du journaliste est gommé au profit du témoignage. Ainsi, face à notre écran, les acteurs du changement semblent face à nous. 

« Du sens et une conscience » 

Environnement, féminisme, droit des minorités et questionnement du pouvoir, le média se lance aujourd’hui dans le service de vidéo à la demande. Pourquoi ce choix ? Proposer du divertissement conscient aux (jeunes) spectateurs. D’après Renaud le Van Kim, cofondateur de Brut et initiateur du projet BrutX : « Cette plateforme est une version alternative de Brut, d’où la déclinaison “X”. Avec, on voudrait se rendre dans des thématiques moins explorées ». En abordant des points inédits comme la transidentité, les violences policières, les gangs, les trafiquants d’armes et de drogues, BrutX touche à des points sensibles de nos sociétés avec la démarche de l’enquête, en quête de neutralité.

Sur Brut, il n’y avait plus les contraintes de format et de temps propre à la télévision, compte tenu du choix des plateformes de diffusion. Cet esprit se poursuit avec BrutX, où les reportages d’un quart d’heure comme Au nom de ma fille réalisé par Charles Villa, s’affichent aisément au côté de long-métrage de fiction (ex : J’ai tué ma mère, Xavier Dolan) ou de séries inédites comme la très médiatisée Veneno.

Un mini-prix face à la concurrence

Pourquoi décide-t-on de s’abonner à une nouvelle plateforme de SVOD alors que les abonnements mensuels pèsent déjà sur le porte-monnaie ? Les motivations sont la confiance, le coût et les sujets abordés. Pour Juliette, étudiante en journalisme et amatrice des contenus que propose Brut : « Il y a des reportages qui sont uniquement dispo sur leur nouvelle plateforme, ça m’a motivé à prendre un abonnement ». Pour Chloé, 22 ans, l’offre proposée permet de suivre les reportages déjà disponible en libre accès comme le documentaire « la Colline du crack » réalisé par Camille Courcy. Rapidement inscrite, c’est la ligne éditoriale « proche de l’humain » qui a séduit l’étudiante. En premier lieu, BrutX compte ainsi sur son audience de « fidèles » pour grandir et se faire un nom.

Mais justement, avec son catalogue aux thématiques peu explorées et ses reportages underground, est-ce que Brutx s’adresse à un large public ? « Le contenu proposé est jeune, populaire, il se différencie de ce qui existe en SVOD c’est une certaine plus valu » estime Élliot un étudiant de 20 ans, « il y en a qui se contenteront du média traditionnel ça leur suffit ». De plus, le petit prix (4,99 €/mois) est peut-être encourageant, mais les mastodontes comme Netflix, Amazon Prime ou Disney+ restent populaires sur le marché.

Vague de promotion

L’avenir de la plateforme ? L’offre désire s’étendre au Canada et aux États-Unis. Est-ce qu’elle tend à devenir un indispensable ? Possible, mais pour l’instant, c’est une forme primaire qui promet. Les figures incontournables de grands reporters (Charles Villa, Rémy Buisine) profitent à l’avènement de la plateforme. La possibilité de visionner le catalogue de personnalités connues dans le monde du cinéma, du journalisme ou de la musique est une porte d’entrée à la fidélisation auprès d’un public déjà fédéré autour d’un artiste par exemple. Un partenariat avec la Fnac-Darty a été signé de sorte que sur l’achat de certains produits, un mois d’abonnement à BrutX est offert.

Raphaëlle Hutin