
Le mouvement contre les violences anti-asiatiques prend de l’ampleur aux États-Unis
Quelques mois après les manifestations du mouvement Black Lives Matter, c’est désormais à la communauté asio-américaine de se faire entendre. Si la mort de Georges Floyd en mai dernier avait amené la communauté afro-américaine à se mobiliser, c’est une fusillade à Atlanta qui a lancé le mouvement contre la haine envers les asiatiques. Le 16 mars dernier, huit personnes dont six femmes d’origine asiatique y ont été tuées par un jeune homme de 19 ans.
En seulement un an, les crimes ciblant les personnes d’origine asiatique ont augmenté de 150 % aux États-Unis. Près de 3800 signalements d’incidents haineux anti-asiatiques ont en effet été reportés entre mars 2020 et février 2021, par Stop AAPI Hate. 70,9 % des incidents concernent du harcèlement verbal et 8,7 % des agressions physiques. Stop AAPI Hate, l’association de lutte contre les discriminations envers les Asio-Américains et les Américains originaires des îles du Pacifique a vu le jour en janvier 2020. La pandémie de Covid-19 commençait alors à sévir dans de nombreux pays et les actes haineux envers les personnes d’origine asiatique se multipliaient. Le racisme envers cette communauté s’est presque banalisé. D’après Pew Research, 39 % des adultes américains pensent qu’il est devenu plus courant d’exprimer des opinions racistes à l’égard des Asiatiques depuis le début de la pandémie.
L’ancien président américain en parti responsable de la montée des actes de racisme
« Virus chinois », c’est le terme que Donald Trump n’a cessé d’employer pour désigner la Covid-19. Trump, s’est défendu expliquant que « ce n’est pas raciste du tout. C’est parce qu’il vient de Chine. Je veux être précis ». Ces déclarations ont choqué. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom a qualifié cette stigmatisation de « plus dangereuse que le virus lui-même ». Lok Siu, professeure à l’Université de Berkeley explique au Temps qu’« grande partie de la recrudescence d’actes violents en 2020 était liée à la rhétorique de l’ancien président Donald Trump, qui a parlé de « virus chinois » ou de « kung flu » (flu, pour grippe, ndlr). En accusant les « Chinois » d’être à l’origine de la pandémie du coronavirus, il a enflammé les sentiments antichinois et canalisé la peur et la rage contre les personnes d’apparence d’Asie de l’Est. »
Un mouvement qui prend de l’envergure sur les réseaux sociaux mais aussi dans la rue
Depuis le mois de février, le hashtag #Stopsasianhate (stop à la haine envers les asiatiques) prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux numériques. Si ce hashtag a vu le jour en 2011 et a connu un gain de popularité dès février 2020, il est réapparu dans les tendances depuis le 16 février 2021. C’est la rédactrice en chef du magazine Allure, Michelle Lee, qui l’a popularisé dans une vidéo où elle dénonce des actes violents envers les personnes âgées d’origine asiatique. #Stopasianhate compte désormais plus de 400 000 publications sur Instagram. Sur le réseau social TikTok, le hashtag a été utilisé plus de 858 millions de fois.

Si la mobilisation est en partie virtuelle, elle s’est vite matérialisée. De nombreuses manifestations ont eu lieu aux quatre coins du territoire américain. Le 27 mars dernier, ils étaient plus de 1500 à manifester dans les rues de San Francisco. Quelques semaines plus tôt Vicha Ratanapakdee, un homme d’origine thaïlandaise de 84 ans, est mort dans cette même ville. Un jeune homme l’a attaqué violemment, le senior est décédé deux jours plus tard d’une hémorragie cérébrale. Non loin de là, 1200 personnes ont défilé à Berkeley le 29 mars. De nombreux collégiens étaient présents à cette marche.
Des personnalités publiques s’emparent de la problématique
Dans une tribune du Los Angeles Times, John Cho, acteur américain (connu pour son rôle dans Star Trek) né en Corée appelle la population à réagir. « S’il vous plaît, ne minimisez pas la haine et ne supposez pas qu’elle se trouve dans un endroit éloigné. Elle se produit près de chez vous. Si vous la voyez dans la rue, dites quelque chose. Si vous l’entendez au travail, dites-le. Si vous la ressentez dans votre famille, dites quelque chose. Défendez vos concitoyens américains » interpelle-t-il. Le célèbre groupe de K-Pop, BTS , habitué des concerts aux Etats-Unis s’est aussi exprimé « Notre position doit être claire. Nous sommes contre toute forme de discrimination raciale. Nous dénonçons la violence. Chacun a le droit d’être respecté. Nous restons unis ». L’actuel président des Etats-Unis, Joe Biden a, lui, insisté sur l’importance d’une vraie prise de conscience lors d’une allocution depuis l’Université Emory à Atlanta. « Si les lois peuvent améliorer les choses, nous devons changer dans nos cœurs. La haine n’a pas sa place aux États-Unis, elle doit cesser. C’est à nous tous, tous ensemble de la faire cesser » a-t-il recommandé, quelques temps après avoir ordonné la mise en berne des drapeaux suite à la fusillade d’Atlanta.
Besnard Clara