« Un emploi vert pour tous ! »: le nouveau front commun des think tanks et des associations de gauche

Alors que des voix s‘élèvent dans les médias pour appeler les partis de gauche à se rassembler face à un possible « duel Macron-Le Pen » aux prochaines élections présidentielles, deux think tanks progressistes et des associations écologistes unissent leurs forces autour d’un projet commun.

Capture d’écran du site « Un emploi vert pour tous ! », soutenu par plusieurs think tanks et associations de gauche

 « Présidentielle : sommet de la dernière chance pour la gauche » titrait le 15 avril le jeune média indépendant Blast dans son premier épisode d’« Un bourbon sinon rien ». Fin mars, dans la matinale de France Inter où il était l’invité du « Grand Entretien », Yannick Jadot, le député d’Europe Ecologie les Verts – et candidat pour les présidentielles –,  avait rappelé aux leaders de la gauche la nécessité et l’urgence de « se mettre autour d’une table » pour ouvrir une discussion commune autour du « grand projet d’espérance dont nous avons besoin pour 2022”. Une première rencontre rassemblant 21 participants – dont Olivier Faure et Anne Hidalgo – a eu lieu le 17 avril, aboutissant à un « accord de respect mutuel » qui, comme le rapportent L’Obs ou Le Canard Enchainé (21/04) ne convainc qu’à moitié. Cependant, tous les acteurs de la gauche française n’ont pas attendu l’arrivée du printemps pour unir leurs forces.

Action coordonnée

Plus que dans l’activité des partis de gauche et écologistes, c’est à travers le travail des associations ou des think tanks, ces « laboratoires d’idées politiques » à la mode depuis une dizaine d’années, qu’on observe aujourd’hui les velléités des militants. En mars dernier, deux de ces groupes de réflexion – Hémisphère Gauche et l’Institut Rousseau – ainsi que 16 collectifs citoyens ont rendu public le projet « Un emploi vert pour tous ! », qui veut encourager les pouvoirs publics à mettre en place une « garantie à l’emploi vert », soit la création d’1 millions d’emplois qui permettrait à la fois de « conjurer le chômage et de réussir la reconstruction écologique ». Le projet s’appuie sur la signature d’une pétition, relayée par une vidéo diffusée sur la chaine youtube de l’Institut Rousseau. Illustrée et sous-titrée, mobilisant un lexique accessible, cette version animée des enjeux du projet de « garantie à l’emploi vert » s’appuie sur un important travail de fond mené à la fois par Hémisphère gauche et par les associations, comme Les Amis de la Terre.

Cap sur la participation citoyenne

« La proposition pourrait devenir une réalité inscrite dans la loi si vous lui donnez la force nécessaire » affirme la page d’accueil du projet. La pétition pour un emploi vert, qui a recueilli près de 11000 signatures – 1/5ème de son objectif – met en avant la participation citoyenne. De fait, sur son site internet, l’association les Amis de la Terre affirme être « depuis toujours attaché·e·s aux valeurs démocratiques ainsi qu’à la participation, et l’engagement citoyen depuis la base ». Dans la même idée, le jeune Institut Rousseau, fondé en 2020, se donne pour objectif de « promouvoir des modes de gouvernance plus collectifs, soucieux d’impliquer les citoyens et de garantir leur confiance dans le temps ». Quant à Hémisphère Gauche, le site internet du think tank indique s’appuyer sur « les espoirs du mouvement social et sur les mobilisations et les luttes des ONG » afin de « reconstruire le camp progressiste sur le triptyque Écologie, Socialisme et République ».

L’union fait la force, et le quatrième pouvoir aussi

En s’assurant le soutien d’une quinzaine d’associations militantes, dont ANV Cop-21, Alternatiba, On est prêt, Notre Affaire à tous, Les Amis de la Terre, Les économistes atterrés ou encore Youth for climate France, les deux think tank élargissent l’audience du projet à une communauté de près de 700 000 abonnés sur Facebook. De plus, plusieurs des initiateurs du projet interviennent régulièrement dans les médias. Ainsi, Lenny Benbara, responsable de la communication de l’Institut Rousseau, est également co-fondateur du Vent se Lève, un média d’opinion associatif, parmi les premiers a partager la vidéo pour le soutien du projet de « garantie à l’emploi vert », via Twitter et Instagram. Le mois dernier, Lenny Benbara était reçu par le média indépendant Blast, auquel collabore depuis février le président d’honneur de l’Institut Rousseau, l’économiste Gaël Giraud. Enfin, comme le remarque Le Monde, Fabien Escalona, « docteur en science politique et chercheur associé au laboratoire Pacte et par ailleurs journaliste à Mediapart » est également engagé au comité scientifique de l’Institut Rousseau.

Eden Armant-Jacquemin