Après Hong Kong, Macao sous la pression chinoise

Le dimanche 12 septembre se sont déroulées les élections législatives à Macao. À l’occasion, les autorités macanaises ont disqualifié vingt-et-un candidats pro-démocratie, accusés de « déloyauté envers la Chine », selon l’Agence France Presse (AFP). La journée a également été marquée par une abstention historique.

Le chef de l’exécutif macanais Ho Iat Seng face aux caméras après avoir voté le dimanche 12 septembre, XINHUA VIA AFP.

Des pro-démocratie affaiblis

Les candidats écartés des législatives sont accusés par les autorités d’avoir « commémoré les victimes de la répression de Tiananmen de 1989 et rendu hommage au dissident chinois Liu Xiaobo », toujours selon l’AFP. Ainsi sur les quatorze nouveaux élus au suffrage direct seuls deux sont pro-démocratie – contre quatre sortants. 

Le régime législatif macanais est monocamériste : l’assemblée fonctionne seule. Le gouvernement accompagne son action en cas de proposition de loi. Pour un total de trente-trois députés renouvelés tous les quatre ans, 14 sont élus au suffrage universel direct, via les élections législatives. Les 19 autres élus sont désignés indirectement par le chef de l’exécutif macanais et par des représentants des différents secteurs de la société. Ils sont affiliés au gouvernement chinois.

Le quasi-mutisme de la communauté internationale

Bien que Macao ne connaisse pas la même ferveur démocratique que sa jumelle Hong-Kong, le taux de participation aux élections législatives est au plus bas depuis sa rétrocession à la Chine en 1999 par le Portugal. Seuls 42% des macanais se sont rendus aux urnes dimanche, contre 57,22% lors des mêmes élections quatre ans plus tôt. Selon l’AFP, les autorités de Macao « écartent tout lien entre cette abstention et la disqualification de candidats pro-démocratie. » Le président de la Commission des affaires électorales Tong Hio Fong justifie ces chiffres par des « restrictions dues à la pandémie et […] [par] des températures très élevées et des fortes pluies », qui auraient dissuadé les citoyens.

La disqualification des candidats pro-démocratie par le pouvoir chinois n’a pas été relevée par les puissances étrangères. Alors que l’Asie de l’Est est le nouvel épicentre de la géopolitique mondiale, la seule voix à s’élever est celle du Service Européen pour l’Activité Extérieure : « Il s’agit d’une mesure préjudiciable qui va à l’encontre des droits garantis par la Loi fondamentale de Macao. Elle sape le pluralisme politique et limite le débat démocratique. » L’article interroge tout de même : sa date de publication est le 31 juillet 2021, or les élections législatives ont eu lieu après cette date. Hormis cet article, la communauté internationale est restée silencieuse sur cet événement, laissant une marge de manœuvre considérable à Pékin quant à ses ambitions territoriales

42% des macanais ont voté le dimanche 12 septembre, ici au au Macao Polytechnic Institute, XINHUA VIA AFP.

Samuel Gut